Le tourbillon du temps

Abordant pour la première fois les rives de l'Ircam, Beat Furrer a choisi symptomatiquement le mythe d'Ulysse et des mangeurs de lotus qui oublient, par cette nourriture, leur patrie d'origine. Pourtant, dans cette création, on reconnaîtra l'écriture vocale si spécifique de Beat Furrer, évoluant ici dans l'espace réel ou l'espace virtuel. Cet ultime concert d'Agora s'achève sur un chef-d'oeuvre de Grisey, « l'histoire d'un arpège dans l'espace et dans le temps ». À partir d'un simple motif issu de Daphnis de Ravel, l'immense devenir du Vortex Temporum joue avec l'érosion de notre propre souvenir. Temps jubilatoire initial, temps dilaté du mouvement central, temps contracté du final fulgurant, Vortex tourbillonne désormais dans la mémoire de celui qui l'a entendu et qui l'écoute maintenant.