Cinéma / Vidéo
La mémoire
11 oct. 2010
L'événement est terminé
Comme, de toutes façons, il a à faire au récit - on fera volontiers une exception pour le cinéma expérimental - le cinéma se fonde sur une organisation de matériaux qui, même tirés du passé, sont vécus au présent par le spectateur.
La connaissance qu'il en reçoit est toujours mêlée de savoir et de sensible, d'informations objectivables et de vécus subjectifs, entendus, vus et perçus à travers le montage du film, et les conditions de cette projection-là.
En matière de mémoire, le cinéma met à disposition de l'historien ou simplement de qui se tourne vers le passé des outils qui lui sont propres. Convoquer l'évocation d'un acte par l'écrit est une chose, la représentation cinématographique, elle, provoque d'autres effets : ce qui est filmé fait différemment effraction dans notre mémoire et modifie, chimiquement, la nôtre.
Shoah en a fait la preuve. Dans S21, Rithy Panh retourne cette méthode sur les bourreaux.
Sur un autre terrain, celui de l'histoire personnelle, c'est, par exemple, le geste enregistré qui, dans Petite conversation familiale nous conduit à comprendre le profond embarras d'un personnage devant une question de la réalisatrice, Hélène Lapiower. Dans l'impossibilité de répondre à ce qui interroge une contradiction intime, Claude continue de passer de la mousse à raser sur son visage jusqu'à disparaître derrière un masque : la cinéaste n'a pas coupé le plan.
Filmé puis « monté », le corps dit autre chose. Il nourrit la construction de la mémoire de celui ou celle qui réalise et renvoie le spectateur vers son économie mémorielle propre.
Comme, de toutes façons, il a à faire au récit – on fera volontiers une
exception pour le cinéma expérimental – le cinéma se fonde sur une organisation
de matériaux qui, même tirés du passé, sont vécus au présent par le spectateur.
La connaissance qu’il en reçoit est toujours mêlée de savoir et de sensible,
d’informations objectivables et de vécus subjectifs, entendus, vus et perçus à
travers le montage du film, et les conditions de cette projection-là.
En matière de mémoire, le cinéma met à disposition de l’historien ou simplement
de qui se tourne vers le passé des outils qui lui sont propres. Convoquer
l’évocation d’un acte par l’écrit est une chose, la représentation
cinématographique, elle, provoque d’autres effets : ce qui est filmé fait
différemment effraction dans notre mémoire et modifie, chimiquement, la nôtre.
Shoah en a fait la preuve. Dans S21, Rithy Panh retourne cette méthode sur les
bourreaux.
Sur un autre terrain, celui de l’histoire personnelle, c’est, par exemple, le
geste enregistré qui, dans Petite conversation familiale nous conduit à
comprendre le profond embarras d’un personnage devant une question de la
réalisatrice, Hélène Lapiower. Dans l’impossibilité de répondre à ce qui
interroge une contradiction intime, Claude continue de passer de la mousse à
raser sur son visage jusqu’à disparaître derrière un masque : la cinéaste n’a
pas coupé le plan.
Filmé puis « monté », le corps dit autre chose. Il nourrit la construction de
la mémoire de celui ou celle qui réalise et renvoie le spectateur vers son
économie mémorielle propre.
Projection de Petite conversation familiale de Hélène Lapiower, 1999, 67 min,
et d’extraits de films.
Quand
À partir de 19h30