Nouvelles technologies : changement en profondeur et révolution en trompe l'oeil

" Société mondiale de l'information ", " libre circulation ", " cyberespace ", Dès que l'on évoque l'internet, le multimédia, le développement des nouvelles technologies de l'information, le terme révolution est mis à toutes les sauces. Toute innovation, même mineure se voit dotée de ce qualificatif écrasant. Comme si l'évanouissement de tout espoir ou de toute crainte d'une transformation politique radicale conduisait à attribuer un caractère bouleversant à toute modification même minime de notre vie quotidienne.

Au-delà de l'anecdote et du sensationnalisme, il ne fait pas de doute que la société connaît depuis une vingtaine d'années, un changement profond. Mais, en faisant ce constat, on ne peut échapper à la question iconoclaste posée par Alain Le Diberder : le progrès technique s'est-il arrêté en 1981 ?

En d'autres termes, n'y -a-t-il pas un complet découplage entre le temps du social, et le temps de l'invention ? Il ne s'agirait plus du délai plus ou moins important qui sépare le moment de l'innovation scientifique du moment de sa diffusion dans la société. Il s'agirait d'un véritable découplage lourd éventuellement de conséquences : car si la source inventive se tarit, les conditions du changement en seront évidemment affectées. Cette question en amène une autre. C'est un lieu commun de mettre sur un même plan Gutenberg et Internet. Cependant, une interrogation nous taraude, hors la technique les autres composants d'une Renaissance ne font-ils pas cruellement défaut ?

Alain Le Diberder est notamment l'auteur aux édition de La Découverte de : Histoire d'@, 2000 ; L'univers des jeux vidéo, 1998 ; Briser les chaînes, 1998 ; Il est l'ancien directeur des Nouveaux Programmes de Canal +.