Julien Hage

En mai 68, les maisons d’édition, les imprimeries et les ateliers mobilisés aux côtés des militants tournent jour et nuit dans un pays en grève générale. Un déluge d’imprimés recueille et relaie la « parole dégoupillée » de 68 (Certeau). Traces éphémères de l’événement, tôt patrimonialisées, elles appartiennent pourtant encore au « petit musée de l’ordinaire » (Artières) du politique. Côtoyant les discours globalisants des organisations et les narrations des acteurs, ces objets constituent très vite les cadres formels d’une « révolution symbolique », par une appropriation mémorielle sélective et une institutionnalisation de l’événement. Retrouver le vif de l’événement dans ses actes d’insubordination graphique, au plus près des acteurs et des conflits de l’imprimé politique, en les replaçant au sein des « longues années 68 », tel est notre questionnement…

Julien Hage, historien, Maître de conférences au Pôle Métiers du livre de Saint-Cloud, Université Paris Nanterre.