Débat / Rencontre
La voix de son Maître. Les arts au défi de la musique électronique : Moebius trip
04 déc. 2002
L'événement est terminé
Il y a plus, aux musiques électroniques, que des foules en transe et des rythmes binaires. A l'heure où la techno entre au musée, la culture DJ se diffuse largement dans les arts. " Samples " et " boucles " gagnent la littérature. Certains cinéastes se font appeler des VJ (" vidéo jockeys "). On voit des galeries mimer l'ambiance des clubs. Le théâtre se refait de plus en plus opéra, fût-ce multimédia.
Révolution silencieuse ou ravalement de pratiques anciennes ? S'il est certain que l'art n'a pas eu besoin d'attendre la musique électronique pour pratiquer la citation, la répétition ou l'hybridation des genres, il n'en reste pas moins que la technologie change beaucoup de choses, et que la musique, le premier des arts à s'y être aussi largement ouvert, montre peut-être un chemin inédit aux autres.
Dans le prolongement de l'exposition Sonic Process, les Revues Parlées proposent de prendre la mesure de ces emprunts croisés de l'art aux musiques électroniques en programmant trois rendez-vous en forme de variations libres, autour des trois mots-clés, des trois gestes qui font leur fortune présente, - le sample, la boucle et le mix.
Du concept deleuzien de " ritournelle " aux pièces sérielles de Steve Reich, en passant par les installations vidéo rétroactives et les architectures modulaires, la boucle est au cœur du dispositif contemporain. Mais aussi de la machinerie, du Gestell politique. Passages en boucles et matraquages publicitaires imposent une éthique de la répétition. Au-delà des sociologies simplettes de la transe et de l'esthétique naïve de l'arbre à came, une soirée pour prendre la mesure de l'autre pilier de l'electronica.
Philosophie de la ritournelle
Lecture/performance. Christophe Fiat présente un horspiel Lulu is Lulu, et développe, à partir de cette création, quelques aspects d'une philosophie de la ritournelle. Dernier ouvrage paru : Ritournelle, une anti-théorie (Léo Scheer, 2002)"Il faut répéter. Il faut répéter les mots, les phrases, les blocs de mots et les séquences de phrases. Il faut répéter pour poétiser la langue. " C. Fiat, Ritournelle
Infinite film
Boucle vidéo de Valéry Grancher, plasticien, net artiste et VJ.
Dans le décor ...
Avec Elie During, professeur de philosophie à l'Université de Paris X-Nanterre, auteur de L'Ame et de La Métaphysique (Flammarion, 1997 et 1998), il a participé au catalogue de l'exposition Sonic Process.
"Les procédés de mise en boucle suscitent invariablement les interprétations les plus convenues : la neutralité mécanique de la reproduction participe tantôt d'un héroïsme proprement moderne (ready made musical), tantôt de la puissance aliénante de la répétition (équivalence générale des signes sous le règne de la marchandise, transe techno). Mais avant de démembrer la musique ou de la faire bégayer, il s'est agi de la replier sur elle-même et de l'étirer pour faire tourner un motif rythmique aussi longtemps que possible. Le musicien électronique sculpte le son, il produit une texture ; comme Hendrix, il cherche à faire " une peinture sonore ". C'est alors que la musique quitte la scène et son théâtre des signes pour passer, littéralement, dans le décor... " E. During
Un sociologue sur le dancefloor
Avec Antoine Hennion, sociologue, professeur au Centre de sociologie et d'innovation, auteur de La Passion musicale (Métailié, 1993), La grandeur de Bach. L'amour de la musique en France au XIXe siècle (Fayard, 2000, avec J.-M. Fauquet), Figures de l'amateur (La documentation française, 2000, avec S. Maisonneuve).
The Moebius trip
Chorégraphie de Gilles Jobin (2000). Film de Vincent Pluss (2002).
Projection, en présence de Gilles Jobin. Sa dernière création Under Construction est programmée au Théâtre de la Ville du 12 au 16 novembre 2002. Clive Jenkins, compositeur, collaborateur de Franz Treichler, leader du groupe The Young Gods, la (re)sonorisera en live (sous réserve).
"Ici, pas de projection, d'élan, de rupture, mais une composition qui travaille sur la qualité de la matière corporelle avec une logique cyclique. Habillage, déshabillage, enchevêtrements de corps, colonnes sans fin, immobilité, marche à quatre pattes, la pièce de Gilles Jobin joue avec différents aspects de la réversibilité." I. Filiberti
Quand
À partir de 19h30