Cinéma / Vidéo
The Chair
09 nov. 2008
L'événement est terminé
The Children Were Watching
Etats-Unis / 1961 / 16mm / noir et blanc / 25 min
Image et son : Richard Leacock, Kenneth Snelson
© Drew Associates
The Children Were Watching se concentre sur une situation critique : la difficile entrée en vigueur de la déségrégation des écoles dans le « Deep South » américain, à la Nouvelle-Orléans. Dans Black Natchez d'Ed Pincus, une activiste noire engageait les parents à accompagner leurs enfants dans les écoles ethniquement mixtes, malgré les pressions de la foule : « Si les enfants peuvent passer, vous pouvez passer » - mais c'est justement aux parents que suprématistes blancs et simples badauds racistes s'attaquent.
Avec l'équipement léger qu'ils viennent de tester la même année dans Primary, Robert Drew et Richard Leacock suivent de près une famille noire, les Gabriel, dont la cadette de six ans fait son entrée (ou plutôt tente de la faire) dans une école auparavant réservée aux Blancs. L'épithète de l'expression « cinéma direct » infléchit son acception vers la boxe lorsqu'une femme qui se déclare prête à mourir pour sa cause (faire respecter la ségrégation raciale) frappe brutalement la caméra, occasionnant un noir d'une dizaine de secondes tandis que le magnétophone continue d'enregistrer ses simagrées. Plongée dans la violence immédiate qui frise le lynchage, la caméra filme la famille dans sa maison quasiment assaillie.
Au vu de leurs films respectifs, on serait tenté d'affirmer que Richard Leacock, mobile et direct, incarne plutôt le « côté Gabriel » du film, tandis que Robert Drew, formé au reportage, représenterait la face « entretiens » de The Children WereWatching : les Noirs marchent jusqu'à l'école, alors que les deux conversations avec deux leaders ségrégationnistes sont filmées en voiture.
A la fois film de crise et montage alterné entre le point de vue des Noirs et des Blancs, ce documentaire s'attarde surtout sur un autre contrechamp, dépourvu de paroles : le visage d'une petite fille qui écoute sa mère traiter les Gabriel de « sales nègres ».
The Chair
Etats-Unis / 1962 / 16mm / noir et blanc / 78 min
Image et son : Gregory Shuker, Richard Leacock, D. A. Pennebaker
© Drew Associates
The Chair, l'un des documentaires de l'unité Drew pour le groupe Time-Life et la chaîne ABC, porte à son point d'achèvement la combinaison propre aux productions « Drew Associates » - ici Robert Drew, Richard Leacock, Donn Alan Pennebaker et Gregory Shuker : le mélange entre le filmage du même événement à plusieurs caméras auprès de protagonistes que tout oppose, et le suivi d'une seule personne dans ses moindres faits et gestes grâce à l'équipement léger inauguré en ce début des années 60.
Les réalisateurs n'ont pas eu à se fatiguer pour recréer un suspense au montage puisqu'il se présente sous leurs yeux comme une affaire de vie ou de mort : à cinq jours du passage sur la chaise électrique de Paul Crump, qui a tué un gardien lors d'un braquage, le gouverneur de l'Illinois acceptera-t-il au vu de sa réhabilitation morale de transformer sa condamnation à mort en peine de prison à vie ? S'il est fort probable que le travelling virtuose de Richard Leacock qui suit le gardien-en-chef dans les couloirs de la prison jusqu'à la chaise électrique a été filmé après coup pour « booster » le montage parallèle, les séquences qui figurent parmi les meilleures du cinéma direct sont beaucoup plus modestes, tournées dans l'exiguïté d'un bureau d'avocat entre sandwich et corbeille à papier, ou dans le brouhaha d'une salle d'audience secouée par les passages du métro. Quand le jeune avocat de la défense, Don Moore, apprend au téléphone que l'archevêque de Chicago soutient sa requête, la prise ne s'achève pas sur la bonne nouvelle, elle continue de tourner : Moore raccroche, la larme à l'oeil, prend une cigarette puis lâche dans un sanglot : « Et dire que je ne crois même pas en Dieu ». En marge d'un sujet dont le sensationnalisme finira par provoquer le départ de Leacock et Pennebaker de l'unité dirigée par Drew, The Chair atteint par moments à une vérité émotionnelle dont les frères Maysles se feront une spécialité.
Quand
À partir de 20h