Carte blanche : L'Été de Giacomo, d'Alessandro Comodin

Toute la jeunesse du monde est dans ce film étonnant. À partir de petits riens et quasiment sans parole, Comodin réussit à nous faire ressentir des choses essentielles et contradictoires, à la fois la fugacité du temps qui passe et la plénitude de l’instant arrêté (on pense à Ermanno Olmi), la fragilité, la maladresse de son héros, mais aussi son innocence et sa force unique.
Rarement le cinéma nous aura permis d’éprouver avec une telle acuité des sensations aussi lumineuses : la chaleur de l’été, la vacance des êtres, les incertitudes de l’adolescence, l’ambivalence des sentiments, la présence à la fois mystérieuse et rassurante de la nature, l’eau, le sable, la lumière mélancolique d’une fin de journée… Quelque chose comme une explosion de bonheur, donnée, reprise à chaque seconde.
Comodin a choisi de filmer en 16mm. C’est un choix radical s’agissant d’un documentaire, un pari risqué et coûteux. Un pari réussi. Comment mieux signifier que chaque instant vécu, filmé, est précieux comme la vie elle-même ?

Alessandro Comodin, L'Été de Giacomo, 2011, Italie/France/Belgique, 78'
Léopard d'Or cinéastes du présent Festival du film de Locarno 2011, Grand Prix du Jury Entrevues Belfort 2011