Cinéma / Vidéo
Oleg Tcherny / Robert Beavers : les pierres de Venise
Pour une histoire de l'art projetée
04 nov. 2017
L'événement est terminé
Le cycle « Pour une histoire de l’art projetée » est une tentative pour repenser le film comme vecteur d’une réflexion sur l’œuvre d’art et les opérations de son exposition. A partir de la tension entre transparence iconique et opacification de la matérialité du film, ces rendez-vous proposent de revenir sur la question des supports et des dispositifs de présentation. Associant historiens et théoriciens de l’art, commissaires d’expositions, conservateurs et artistes, privilégiant une expérience partagée du regard, ce programme aborde la remédiation filmique comme forme d’interprétation et de « lisibilité » critique de l’espace muséal et de l’œuvre d’art.
« Il est rafraichissant de rencontrer un tableau dont on prend soin, et placé en pleine lumière – une lumière favorable – de façon à ce que toutes les parties en soient bien vues » écrivait le poète et critique d’art britannique John Ruskin dans son ouvrage Les pierres de Venise (1853) à propos de la crucifixion de Tintoret conservée à San Cassiano. C’est précisément ce que fait Oleg Tcherny dans Flashback Legion, faisant converger l’expérience du film sur l’art et celle du film d’artiste, ou encore l’œuvre d’art et son commentaire. Adaptant à l’analyse du tableau, sa technique d’altération des images par un procédé de montage vertical qui lui permet de sonder l’épaisseur du temps aux limites de l’abstraction, aussi bien visuelle que sonore ou conceptuelle. Tourné en 16 mm et présenté ici dans un gonflage en 35mm le film de Beavers se déroule comme une exploration de Venise guidée par le texte mélancolique de John Ruskin, Les pierres de Venise. Au fil des images, Venise se révèle comme une cité constituée d’une multitude de sédiments, jusque dans les plus infimes détails de son architecture auxquels font écho les entrelacs de sons isolés qui parcourent le film – le clapotement de l’eau, un bruit de pas, le son d’un instrument à cordes... La présence récurrente de la main du cinéaste – un motif récurrent dans l’œuvre du cinéaste – fait allusion à la dimension artisanale, quasi-sculpturale que Beavers cherche à donner à son cinéma.
Conversation entre Oleg Tcherny et Angela Mengoni (IUAV)
Oleg Tcherny, Flashback Legion, 2016, video HD, coul., son, 20min.
Robert Beavers, Ruskin, 1974-1997, 35mm, coul., son, 45min.
Angela Mengoni (docteure en sémiotique) enseigne à l’Université de Venise (IUAV). Depuis 2010, elle participe au groupe de recherche « ACTH – Art contemporain et temps de l’histoire » (EHESS, Paris – Ecole des Beaux-Arts de Lyon). Ses recherches portent sur les relations entre image et mémoire qui se nouent dans la création artistique européenne de la seconde moitié du XXème siècle.
Remerciements : Oleg Tcherny, Robert Beavers, Pascale Raynaud, Musée du Louvre (Paris), EHESS, Labex CAP, CRAL, IUAV (Venise)
Quand
14h - 16h
Où
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