Cinéma / Vidéo
Moments choisis des "Histoire(s) du cinéma"
Jean-Luc Godard
10 déc. 2004 - 3 janv. 2005
L'événement est terminé
En avant-première de l'exposition et de la rétrospective intégrale des films de Jean-Luc Godard qui se dérouleront prochainement au Centre Pompidou, présentation en exclusivité pendant un mois de "Moments choisis" (1998, 80'), une anthologie inédite des "Histoire(s) du cinéma" réalisée par Jean-Luc Godard
Après les Histoire(s) du cinéma, Jean-Luc Godard réalise en 35 mm (alors que les Histoire(s) sont en vidéo) un film d'une durée standard, sorte de synthèse, de mise en perspective, de conclusion des Histoire(s). Mais ce film n' est pas seulement un nouveau montage des images existantes dans les Histoire(s), c'est un film « plein de vie » selon l'expression de Jean-Luc Godard.
Ce que dévoile Godard dans ces Moments choisis, c'est la valeur introspective de sa réflexion, en acte, sur l'image. Ne pas faire de l'histoire du cinéma un monument chronologique figé, mais un songe philosophique immémorial sur le commerce collectif des regards et sur la gestion privée des traces et des lacunes de cette histoire.
C'est une initiative inaccoutumée que prennent la société Gaumont et le Centre Pompidou. La sortie en exclusivité d'un film inédit d'un grand cinéaste contemporain au sein d'une institution culturelle et muséale confère à cette exclusivité le caractère d'une « exposition ». Premier acte d'une série de manifestations à venir autour de Jean-Luc Godard.
« Les Moments choisis se donnent comme une élégie peuplée de figures féminines, comme autant d'incarnations de l'ange de l'histoire cher à Walter Benjamin. La divinité s'est enfuie du monde, l'horreur et son spectacle s'y sont substitués, mais à ce constat de déréliction et de déploration, Godard oppose en permanence le bonheur de ces visages et l'échange de leurs regards. Le montage, par clignotements, surimpressions ou fondus, fait s'embrasser Elizabeth Taylor et une vierge de Giotto trouvant une place au soleil après les Camps, malgré tout. C'est ce qui frappe ici, bien plus encore que dans les Histoire(s) du cinéma où les bruits de fureur du siècle menacent toujours de recouvrir ces figures angéliques : la constante invention plastique d'apparitions qui résistent au désastre du siècle. Quelques figures, quelques icônes suffisent à réaffirmer, à murmurer la promesse originelle faite à l'homme par l'art : un siècle de cinéma, ce commerce parfois vain ou douteux du visible, est ainsi racheté par ces figures et ces icônes se tenant à l'abri du temps. Mais il ne faut pas voir dans cette ode à la "fatale beauté" un quelconque renoncement à l'entreprise critique des Histoire(s) du cinéma. L'esthétique de la rédemption, intensifiée dans ces Moments choisis, ne tourne pas le dos au désastre, mais tient pour unique certitude que la puissance de l'image réside non dans l'illusion mais dans la révélation. L'image véritable fait face à l'horreur et les anges de l'histoire apparaissent comme les signes d'un devenir salutaire gisant dans les ruines du passé. Ces Moments choisis ne constituent pas simplement une oraison mais bien une promesse : au bout du voyage poétique et mélancolique, nous attend encore le cinéma. »
Emeric de Lastens
Calendrier des séances :
Soirée d'ouverture en Cinéma 1 : Jeudi 9 décembre, 20h30
Puis 17 séances en Cinéma 2.
Quand
À partir de 20h
17h - 21h, tous les dimanches
À partir de 20h, tous les lundis, mercredis, jeudis, samedis