Débat / Rencontre
Henri Gaudin
La ville, le travail du négatif
17 févr. 2010
L'événement est terminé
Les écarts et les intervalles qui séparent les constructions permettent d'en saisir la forme et d'établir entre elles des relations signifiantes.
Les écarts et les intervalles qui séparent les constructions permettent d'en saisir la forme et d'établir entre elles des relations signifiantes.
Je sors dans la chambre comme si j'étais dehors parmi les meubles immobiles... André du Bouchet
Emplir les poumons du lecteur est la moindre des générosités à accorder à celui qu'on entraîne dans une promenade architecturale.
La raison se heurte à la compacité de la matière. C'est donc à l'envers que nous invitons le lecteur à voir: l'espace comme forme, les intervalles comme choses.
N'est-ce pas dans le creux hospitalier de ces constructions que réside le vide de l'architecture.
Les concepts de contenant et de contenu sembleraient-il clairs que l'habitation les obscurcirait! Car si l'on ne doute pas que c'est l'espace en son entier qui répond au souci d'habiter -on ne saurait habiter partiellement-, nous habitons tout autant dehors que dedans. Ce n'est pas seulement la maison que j'habite mais ici mon palier, ici ma rue, ici près des arbres, ici dans la clairière.
Et ainsi l'extérieur du contenu est encore du contenu, et le parvis de la maison est aussi un contenu.
Un retournement de la négativité?
En dépit de ses aspirations, ce n'est pas au-dehors du réel que l'art se réalise, et je crois sentir que c'est parce que les liens sont brisés que chaque chose s'efforce de rassembler en elle ce qui lui fait défaut : que chaque édifice devient une prouesse d'invention quand l'espace se dérobe à lui, qu'un poème d'André du Bouchet concentre en lui une disposition spatiale disparue, tend dans le vide et entre les îlots de mots un sens perdu ailleurs.
S'il n'y avait précisément d'architecture que de l'espacement S'il se trouvait que l'expérience du vide y avait été plus déterminante que celle de l'édifice.
Ce que j'ai désigné comme l'espace du désastre c'est l'absence d'un rapport calculé entre toutes choses qui est le fruit d'un travail du négatif.
Construire deux ensembles collés bord à bord et tous deux intelligibles, l'un positif, concret, visible, l'autre qui adhère à lui, invisible et qui est son négatif, l'espace creux qu'on nomme normalement dehors -telle est la difficulté qu'affronte tout architecte. La forme même d'un immeuble isolé peut-elle construire un tissu urbain dont les façades sont tout autant le contenant d'un espace intime (du dedans), que le contenant de l'espace public (du dehors)?
On conviendra qu'il faut un dehors au dedans.
Mais qu'en est-il du dehors de la maison, sinon qu'il ne peut être neutre puisqu'il fait lien entre les édifices. Espace n'appartenant à personne, il appartient à tous. Creuset de la démocratie?
Quand
À partir de 19h30