Débat / Rencontre
Pourquoi la Russie de Poutine a-t-elle si peur de la démocratie ?
Marie Mendras et Anne de Tinguy
21 févr. 2008
L'événement est terminé
Manifestation annulée
Depuis 2000, l'objectif de l'équipe Poutine est de limiter le pluralisme, la concurrence et la critique dans le domaine politique comme dans les affaires économiques. L'affaire Ioukos, la Tchétchénie et les élections sont trois
éléments indissociables d'un phénomène d'ensemble : la concentration du pouvoir au sein d'un milieu dirigeant restreint, par la désertification de la sphère publique et le contrôle sur les ressources du pays. Les résultats attestent de l'efficacité des méthodes arbitraires et de l'inquiétude qu'elles diffusent au sein de la société. Rares sont les intellectuels, les députés indépendants, les militants des droits de l'Homme qui osent contester le régime haut et fort. La société russe accepte le système car elle ne voit pas d'alternative et a bénéficié, dans l'ensemble, de la croissance économique. Elle est très dépolitisée.
Poutine affirme être le garant d'un État fort, mais, en réalité, il fragilise et décrédibilise les institutions publiques (Parlement, tribunaux, medias, pouvoirs régionaux). Il s'impose comme l'arbitre entre des hommes et des groupes politiques, industriels et financiers qui contrôlent des richesses considérables. C'est notamment pour cette raison qu'il reste au pouvoir. L'absence d'alternance politique est un trait marquant des régimes autoritaires.
Ce recul du processus de démocratisation a aussi des dimensions externes. Il est l'une des clefs d'explication de la détérioration du rapport de la Russie avec l'Union Européenne et les Etats-Unis ainsi que des tensions qui existent dans l'espace postsoviétique. Le paradigme de la transition vers la démocratie n'est plus aujourd'hui opérant. La révolution des roses en Géorgie (novembre 2003) et la révolution orange en Ukraine (novembre-décembre 2004) ont encore aggravé l'incompréhension et la méfiance de la Russie à l'égard de ses partenaires occidentaux. Moscou perçoit ces événements comme le fruit de manœuvres occidentales et en tire la conclusion que la démocratisation conduit ses partenaires à se détourner de la Russie pour se tourner vers la communauté euro-atlantique. Dès lors hantée par la peur du risque mal maîtrisé, elle a davantage encore qu'auparavant le souci de contrôler les évolutions politiques.
Avec : Marie Mendras et Anne de Tinguy
Depuis 2000, l’objectif de l’équipe Poutine est de limiter le pluralisme, la
concurrence et la critique dans le domaine politique comme dans les affaires
économiques. L’affaire Ioukos, la Tchétchénie et les élections sont trois
éléments indissociables d’un phénomène d’ensemble : la concentration du pouvoir
au sein d’un milieu dirigeant restreint, par la désertification de la sphère
publique et le contrôle sur les ressources du pays. Les résultats attestent de
l’efficacité des méthodes arbitraires et de l’inquiétude qu’elles diffusent au
sein de la société. Rares sont les intellectuels, les députés indépendants, les
militants des droits de l’Homme qui osent contester le régime haut et fort. La
société russe accepte le système car elle ne voit pas d’alternative et a
bénéficié, dans l’ensemble, de la croissance économique. Elle est très
dépolitisée.
Poutine affirme être le garant d’un État fort, mais, en réalité, il fragilise
et décrédibilise les institutions publiques (Parlement, tribunaux, medias,
pouvoirs régionaux). Il s’impose comme l'arbitre entre des hommes et des
groupes politiques, industriels et financiers qui contrôlent des richesses
considérables. C’est notamment pour cette raison qu’il reste au pouvoir.
L’absence d'alternance politique est un trait marquant des régimes autoritaires.
Ce recul du processus de démocratisation a aussi des dimensions externes. Il
est l’une des clefs d’explication de la détérioration du rapport de la Russie
avec l’Union Européenne et les Etats-Unis ainsi que des tensions qui existent
dans l’espace postsoviétique. Le paradigme de la transition vers la démocratie
n’est plus aujourd’hui opérant. La révolution des roses en Géorgie (novembre
2003) et la révolution orange en Ukraine (novembre-décembre 2004) ont encore
aggravé l’incompréhension et la méfiance de la Russie à l’égard de ses
partenaires occidentaux. Moscou perçoit ces événements comme le fruit de
manœuvres occidentales et en tire la conclusion que la démocratisation conduit
ses partenaires à se détourner de la Russie pour se tourner vers la communauté
euro-atlantique. Dès lors hantée par la peur du risque mal maîtrisé, elle a
davantage encore qu’auparavant le souci de contrôler les évolutions politiques.
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