Cinéma / Vidéo
Bichorai / La Vie est un jeu de cartes
17 nov. 2012
L'événement est terminé
Projection du film "Bichorai" 1994 / Belgique / 58 min.
Bichorai
1994 / Belgique / 58 min.
Réalisation : Philippe De Pierpont
Scénario : Philippe De Pierpont
Image : Alain Marcoen
Son : Philippe Sellier
Montage : Philippe Boucq
Mixage : Jacques Clisse
Producteur : Derives, RTNB / ACCT / RTBF / GRAPHOUI
suivi de
La Vie est un jeu de cartes (Maisha ni karata)
2004 / Belgique, France / 70 min.
Réalisation : Philippe de Pierpont
Image : Gilles Decamp, Alain Marcoen
Son : Quentin Jacques, Phillipe Sellier
Montage : Philippe Boucq
Production : Derives, Wallonie Image Production
Distribution : Wallonie Image Production
« C’était il y a douze ans, en 1991. Ils vivaient dans la rue à Bujumbura.
Deux fois par jour, ils m’interpellaient. […] J’ai fini par rester tous les
soirs avec eux. » Moins que d’un parti-pris formel ou d’une réflexion sur le
temps, les deux retours du cinéaste auprès des six enfants qu’il a filmés dans
Birobezo, princes de la rue relèvent d’abord d’une loyauté amicale. « Quand on
t’a rencontré, on s’aimait vraiment », dira l’un d’entre eux, jeune et déjà
nostalgique. Vendeurs de cigarettes, fumeurs de chanvre à dix ans, gardiens de
voiture pour une piécette, les enfants ne sont pas restés soudés, et à son
retour, le cinéaste voit le groupe initial lui échapper. Cadre et montage
doivent prendre acte de trajectoires individuelles, voire solitaires. Qu’ils
aient rejoint leur famille et tentent de la faire subsister ou qu’ils aient
bénéficié d’une place dans un foyer et d’un « capital » (un prêt local),
Zorito, Jean-Marie, Philibert et Innocent, que des portraits tendres nous font
de mieux en mieux connaître, savent bien qu’un retour à la rue leur pend au
nez. C’est moins leur transformation qui frappe au cours des années que leur
lucidité précoce. « Me marier ? On se marie quand on a des biens, qu’on peut
offrir un toit à son épouse… » : dans la bouche d’un garçon à peine pubère, le
constat social est implacable, tout comme la crainte réelle, qu’exprime un
autre, de « devenir un bandit ». Bientôt la précarité de chacun se complique de
menaces à l’échelle du pays, et de toute l’Afrique de l’Est : quand Pierpont
revient en 2003, cela fait déjà huit ans qu’une guerre civile déchire le pays.
Jamais pourtant il n’est tenté de troquer la familiarité chaleureuse qui le lie
aux jeunes gens contre des généralisations politiques : au jeu de cartes de la
vie, la donne change à chaque partie.
Charlotte Garson
Quand
À partir de 18h