Hors les murs
Avec un coup d'aile ivre
Télégrammes et sonnets - Hommage à Pierre Boulez
11 juin 2005
L'événement est terminé
Quel hommage au fondateur de l'Ircam sans regard vers l'avenir ? Les « télégrammes musicaux » lancés ce soir en l'honneur de Pierre Boulez sont signés par trois générations de compositeurs, du plus jeune, Bruno Mantovani, aux plus proches, Marc André Dalbavie en France, George Benjamin en Angleterre. Plus éloigné, poursuivant son propre artisanat furieux, Brian Ferneyhough se joint à cette soirée finale aux Bouffes du Nord.
Chantal Perraud soprano
Sylvia Vadimova mezzo-sopran
Hélène Devilleneuve hautbois
Ensemble TM+
Direction Laurent Cuniot
Pierre Boulez
Improvisation I sur Mallarmé "Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui" pour soprano et ensemble (6')
Improvisation II "Une dentelle s'abolit" pour soprano et ensemble (12')
Brian Ferneyhough
O Lux, pour ensemble, création française (5')
Marc-André Dalbavie
Nouvelle œuvre, pour hautbois et ensemble, création française (10')
Pierre Boulez
Dérive 1, première version pour six instruments (7')
Elliott Carter
Tempo e tempi, pour soprano, hautbois, clarinette, violon et violoncelle création française (15')
Bruno Mantovani
Happy B., pour flûte, violon, alto, violoncelle, (7')
Co-réalisation Ircam-Centre Pompidou, Instant Pluriel, CICT/Théâtre des Bouffes du Nord.
On ne pourrait imaginer d'écart plus grand entre les deux œuvres avec électronique, Anthèmes 2 pour violon de Boulez, Time and Motion II de Ferneyhough. Ici, le monologue violent et passionnant d'un violoncelliste, débordé de partout, Faust pris dans les rets de la technologie. Là, l'impérieuse cohérence et la transparence de l'électronique qui élargit l'espace et les familles d'écriture du violon. L'enfer de Time and Motion ou le paradis d'Anthèmes ! Entre ces deux extrêmes s'inscrit le magnifique jeu de registres et d'ombres de Shadowlines de George Benjamin, métamorphosant à son tour, tous les formalismes de l'écriture imitative.
La constellation fulgurante du poème et de la musique est au cœur de cette soirée finale. Le poème oblige : les contraintes serrées du sonnet qui sollicitèrent l'invention de Mallarmé, ont suscité la forme musicale des
Improvisations de Pierre Boulez, leur écriture, mélismatique et syllabique. Toute la poétique du Bel Aujourd'hui, sérénité crispée, blancheur et glace irrémédiables, s'incarne dans l'instrumentation caractéristique des percussions. Elliott Carter, quant à lui, proche de la culture hellénique et latine, s'est reconnu dans la conception du poète Eugénio Montale, d'un temps qui entrecroise plusieurs rubans. Avec une infinie sobriété, Tempo e Tempi en compose le passage et la fuite.
Agora se clôt sur l'envol matinal d'un sonnet. L'exclamation initiale de Mallarmé n'est plus une question mais une injonction, unique et pressante, qui nous reste adressée.
"Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre !"
Quand
À partir de 19h
Où
Théâtre des Bouffes du Nord, Paris