Exposition / Musée
La photographie en miettes I
26 juin - 15 sept. 1991
L'événement est terminé
L’exposition La photographie en miettes montre les états de la photographie parfois soumise à une volonté iconoclaste qui l’altère, la surcharge, la transforme… Quelques 150 œuvres d’artistes et photographes, appartenant pour la plupart aux collections du Musée, sont présentées.
Cette première partie est consacrée à la photographie « altérée » et « lacérée ».
Pour certains artistes comme Andy Warhol, Gérard Schlosser, Raoul Dufy, Georges Rouault ou Jacques Villon, la photographie intervient comme une étape préalable à l’élaboration d’une œuvre picturale.
Pour d’autres comme Arnuf Rainer, Christian Boltanski, Annette Messager, Joan Foncuberta, Anselm Kiefer ou Gerhard Richer, la photographie n’est que le support de la peinture. Se rattachent à ce courant également nombre de jeunes tchèques ou encore tous ceux qui, depuis les années trente, de Hans Bellmer à Marcel Duchamp en passant par Dora Maar, se contentèrent de colorier leurs œuvres photographiques.
Une approche plus strictement photographique - qu’il s’agisse du mélange ou d’altération du négatif (Umbo, Germaine Krull, Brassaï, Raoul Ubac), du collage d’éléments divers (Miecsyslaw Berman, Raoul Hausmann, Hannah Höch, Kurt Schwitters) ou de procédés plus complexes (Tom Drahos, Paolo Gioli, Robert Frank, Robert Rauschensberg) - débouche sur des esthétiques diverses, qui vont de la modernité engagée de Man Ray au baroque post-moderne de Simon Caban ou de Joel-Peter Witkin.
Le photogramme n’entre pas dans le propos de l’exposition, mais nombre de procédés sont présentés. En effet, à peine la photographie a-t-elle été reconnue comme le médium le plus apte à restituer la réalité, que certains photographes n’eurent de cesse de « convulser cette réalité de l’intérieur » (Rosalind Krauss). Brûlages, chimogrammes, peintures au révélateur résultent d’une investigation en matière photographique.
Travestissement de l’image au tirage, mutations et transmutations visent à faire se volatiliser l’image imprimée par la lumière pour délivrer d’autres formes qui s’y trouvaient latentes. Négatifs et positifs sont découpés, déchirés, perforés, lacérés, agrafés ou cousus. La photographie devient matière brute. Elle est rehaussée à l’encre, à la gouache, aux crayons de couleurs, à l’acrylique, aux pastels gras, à la cire… partiellement ou presque totalement recouverte. Le réalisme perd ses droits au profit d’une vision essentiellement picturale.
La photographie n’est plus ici une image « rendant compte du monde avec une exactitude inégalée par aucun médium » (Gisèle Freund), mais libérée du carcan rigide de l’esthétique de la photo créative : le support de la création dans sa diversité et sa richesse.
D'après le communiqué de presse
Quand
tous les jours sauf mardis