Cinéma / Vidéo
Shahryar Nashat
23 févr. 2006
L'événement est terminé
Artiste suisse, Shahryar Nashat (né à Téhéran en 1975) concentre très tôt sa recherche plastique autour du médium de la vidéo.
Artiste suisse, Shahryar Nashat (né à Téhéran en 1975) concentre très tôt sa recherche plastique autour du médium de la vidéo. Dès ses premiers travaux réalisés aux Beaux-arts de Genève, Shahryar Nashat cherche à intégrer au cœur même du processus formel le point de vue de l'individu confronté aux événements historiques, aux mouvements socio-politiques ou à des situations d'ordre général.
Les œuvres de Shahryar Nashat enquêtent sur les différentes expressions de coercition de l'individualité que toute forme de pouvoir - qu'elle soit politique, religieuse, militaire ou psychologique - met en action de façon plus au moins déclarée. Au centre de ses œuvres, se trouvent souvent des personnages reliés entre eux par des rapports de domination et de soumission, dans une atmosphère chargée de tension psychologique. Tournées la plupart du temps dans des espaces artificiels à l'intérieur desquels les personnages cherchent à rééquilibrer une situation précaire et instable, les vidéos de Shahryar Nashat transposent visuellement les dispositifs mentaux dans lesquels prennent forme ces différents conflits.
Dafeh de Shahryar Nashat
2005 / 2'40 / extrait : 1'30 / vidéo numérique transférée sur DVD / coul.
Cette œuvre au titre ambigu est construite à partir de l'image unique d'un martyr de la guerre Iran-Irak, que l'artiste a filmée lors de son seul voyage en Iran où il est resté quelques semaines. C'est à partir de cette image que se construit Dafeh (exorcisme en persan), une œuvre qui tente de déconstruire le principe de la représentation à travers l'image symbolique.
Unreasonably Resonant de Shahryar Nashat
2002 / installation 4'20 / vidéo numérique transférée sur DVD / coul. / vostf
Un corps inerte est traîné par terre, puis soigneusement ligoté par un homme dont le visage restera hors-champ. La scène est plutôt absurde dans son ambivalence. La "victime" passive n'offre aucune résistance, et la violence physique entre les deux personnages est plutôt anodine. L'"agresseur" va même jusqu'à porter des gants blancs, comme s'il était chargé d'emballer une œuvre d'art de valeur, et par moments, il caresse la prétendue "victime". La scène évoque une pièce de théâtre, un ballet post-moderne. Mais ne s'agirait-il pas d'un enlèvement, ou encore d'un rituel sexuel où le ligotage entre en jeu ? Le spectateur assiste semble-t-il ou trop tard ou trop tôt à la scène, car il ne saura pas ce qui a entraîné cette situation ni quel en sera le résultat, ou qui sont le véritable agresseur et la véritable victime, voire le maître et l'esclave.
154 Days de Shahryar Nashat
2002 / 5'40 / vidéo numérique transférée sur DVD / nb / vostf
Un homme embrasse une femme dans un vaste espace désaffecté. Des fragments d'images montrent des corps rigides et inexpressifs, des regards vides et des caresses superficielles. Le protagoniste, en voix-off, raconte l'histoire d'un enlèvement - le sien - et de la réclusion et oppression qui s'ensuivront. À l'aide de lettres qu'il envoie jour après jour, il cherchera à fixer les événements dans sa mémoire au fur et à mesure que la réalité cède place à l'aliénation.
Italian Studies de Shahryar Nashat
2004 / extraits env. 6'30 / vidéo numérique transférée sur DVD / coul. et nb
Italian Studies est une installation en plusieurs parties. La sélection qui est présentée lors de cette séance montre de brefs passages d'images vidéo, trouvées pour la plupart dans l'archive du "Movimento Operaio" de Rome. Lors de son séjour d'une année passée en tant qu'artiste en résidence de l'Institut Suisse de Rome, Shahryar Nashat s'est intéressé à l'histoire de la violence publique en Italie depuis les années 1950 à nos jours. Utilisant ce matériel comme point de départ, il a superposé anachroniquement des séquences (entraînement de Carabinieri, poursuites policières, arrestations, scènes de manifestations anti G8 à Gènes ou séquences de jeunes se masturbant - trouvées sur le Net et tissant des liens entre la violence et la sexualité) se positionnant ainsi sur la question de la responsabilité de l'artiste devant l'approporiation d'une image d'archive, d'un "found footage".
Optimism de Shahryar Nashat
2003 / 10'20 / vidéo numérique transférée sur DVD / coul. / vostf
D'après un personnage de Gregg Smith, artiste et performer
Tourné au Palazzo Della Civilità dans le quartier de l'EUR de Rome - dont le style monumental et solennel exprime l'idéal fasciste de soumission et de crainte envers le pouvoir - le film joue sur le rapport entre environnement architectural et comportement humain, ouvrant à une réflexion d'ordre sociale et politique. Des personnes figées dans l'attente se trouvent dans une pièce vide dont le silence est rompu par une voix autoritaire. Le langage conventionnel, la rigidité du jeu des personnages et la musique militaire en arrière plan rendent la scène grotesque et surréelle.
Hide And Seek de Shahryar Nashat
2005 / installation 2'30 / film 16 mm transféré sur DVD / coul.
Le Museo della Civiltà Romana, dans le fameux quartier de l'EUR, a été commandité par Mussolini afin de célébrer la fondation de la ville de Rome. Le style architectural néo-classique - lignes monumentales épurées et symétriques
- incarne bien les valeurs de l'antiquité et de la suprématie romaine qui seront reprises pour l'idéal fasciste du régime de l'époque. L'installation reprend les trois façades du musée filmées simultanément. Alors que des filtres de couleur glissent manuellement devant l'objectif - plongeant le monument dans une lumière artificielle et forçant le spectateur à adopter "un autre regard" - le bruit ambiant cède place au son amplifié d'une respiration humaine. L'action sera répétée méthodiquement.
The Regulating Line de Shahryar Nashat
2005 / 3'40 / vidéo numérique transférée sur DVD / coul. / son.
Produit grâce à l'aimable participation du Musée du Louvre
Une immense œuvre baroque de Rubens au Louvre, illustre les évènements de la vie de Marie de Médicis mêlant des personnages historiques à des figures mythologiques. La représentation des mortels en dieux de l'Olympe, est un exemple de propagande à travers l'image qui trouve des résonances évidentes dans notre époque contemporaine. Le public est projeté au cœur de la confrontation en cours entre un individu - figé face à cette œuvre spectaculaire - l'histoire, et sa représentation. La réponse de l'individu ne semble pouvoir qu'être une réponse physique, intuitive, naturelle.
A noter : du 29 avril au 27 mai 2006, exposition personnelle de Shahryar Nashat à la Galerie Praz-Delavallade, Paris.
Projection en présence de Shahryar Nashat.
Quand
À partir de 20h