Débat / Rencontre
Georges Aperghis
Machination, 2000
17 févr. 2008
L'événement est terminé
Machination ,2000
Par François Regnault, psychanalyste écrivain et metteur en scène, maître de conférences au département de psychanalyse, Université de Paris 8.
« Pascal avait son gouffre, avec lui se mouvant ». "Ce vers de Baudelaire m'a souvent semblé convenir à l'œuvre ou à la vision musicale de Georges Aperghis : « Aperghis a ses gouffres ». Quels sont-ils ? Il me semble que l'œuvre Machinations, pour laquelle j'ai fourni ceux des textes qui concernent la machine, traverse quelques-uns de ces gouffres, au bord desquels les analyses de cette matinée sur Aperghis tenteront de se (re)tenir.
Aperghis, en ce qu'il franchit l' abîme, invente de nouvelles formules musicales de l'arbitraire.
- Entre le son et le sens : toute sa recherche en témoigne.
- Entre la parole et le chant : qu'y a-t-il de commun entre la prononciation de phonèmes purs et discrets, qui contribue impérativement au langage parlé, et le moindre son chanté, qui suppose le prolongement continu d'un son, et préfère apparemment la voyelle à la consonne ? Et pourtant, le chant suppose le problème résolu, au point qu'on est allé jusqu'à supposer que « Dire et chanter » était autrefois la même chose. Aperghis redescend dans ce Grand Canyon béant entre la voix qui parle et celle qui chante, et revisite les tribus qui l'habitent.
- Entre l'homme et la machine. Aperghis, presque comme le philosophe du XVIIIe siècle La Mettrie, ré-interroge l'hypothèse de l'Homme machine. Machinations n'est pas une synthèse des solutions qu'Aperghis se propose, c'est un campement de fortune dans sa magistrale pérégrination. Nous articulons, et nous croyons penser ; nous parlons et nous chantons ; nous faisons des mouvements et des gestes à la fois autonomes et automatiques. A chacune de ces étapes, la musique vient nous rappeler à quelle enseigne nous sommes logés.
F.R.
François Regnault est né en 1938 à Paris. Ancien élève de l'ENS (Ulm), agrégé de Philosophie, Maître de
Conférences à l'Université de Paris VIII (1969 - 2004), Professeur au Conservatoire National d'Art dramatique de Paris
(1994-2001).A travaillé comme écrivain, traducteur et collaborateur artistique dans l'ordre du théâtre et de l'opéra avec Patrice Chéreau, Brigitte Jaques-Wajeman, (avec qui il a fondé la Compagnie Pandora en 1976), Emmanuel Demarcy-Mota.
Dans le domaine musical, avec Georges Aperghis :
1979 : Je vous dis que je suis mort, livret d'opéra pour Georges Aperghis (Opéra-Comique, mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman).
1993 : Sextuor ("L'origine des espèces"), oratorio.
2000 : Machinations, livret tiré de textes de Héron d'Alexandrie, Jacques de Vaucanson, Lewis Carroll, Villiers de l'Isle-Adam et Alan Turing.
2004 : Dark side (monologues de Clytemnestre, pour voix de soprano et instruments, EIC)
Avec Bruno Mantovani, 2006 : L'autre côté, opéra tiré du roman d'Alfred Kubin, musique de Bruno Mantovani, mise en scène d'Emmanuel Demarcy-Mota, Opéra du Rhin, 2006.
Quand
À partir de 11h30