Le Train Fantôme de Charles de Meaux

LE TRAIN FANTÔME DE CHARLES DE MEAUX

Et si, à un tout autre titre que les œuvres de la collection du musée, les tuyaux – bleux, verts, rouges, blancs - étaient l'un des emblèmes du Centre Pompidou ? Tuyaux fonctionnels, tuyaux esthétiques, symboles visibles du bâtiment imaginé par les architectes Richard Rogers et Renzo Piano au milieu des années 70, les tuyaux du Centre Pompidou conservent sagement leur mystère. « D’où viennent-il, où vont-ils ? », se demande Charles de Meaux, artiste cinéaste voyageur français, à l'origine de la création du collectif Anna Sanders Films aux côtés de Philippe Parreno, Pierre Huygheet Dominique Gonzalez-Foerster, dans les années 90.

Dès lors, il visualise un trajet dans les entrailles de Beaubourg, imagine qu'un des tuyaux ressort au Forum -1 et invite le visiteur à le parcourir, entre défi technique et rêve éveillé. Une suite d'images, recréés à partir d'archives et d'extraits de films-cultes, projetées sur une série d’écrans de part et d'autres des parois du tube recomposé spécialement pour l'occasion, défilent dans un mouvement continu, comme passe le paysage dans un train en marche. Elles façonnent une déambulation somnambulique, une invitation au voyage immobile aux confins de la mémoire des lieux et des êtres qui les investissent.

« Les scènes se succèdent dans le parcours comme des flashs, des réminiscences. Les images viennent des profondeurs d'une mémoire commune. Non pas une mémoire qui trie, qui analyse, qui compare, simplement le souvenir d'une sensation. Comme dans la fête foraine, le train fantôme a recours à des codes, des images, faisant référence à des éléments déjà sus », explique Charles de Meaux, qui se souvient également que le Centre Pompidou fut inauguré, en 1977, par un autre train fantôme, dessiné par Jean Tinguely. Prouesse technologique, évocation vertigineuse et poétique de la notion de mémoire, Le Train fantômede Charles de Meaux poursuit la quête de cet artiste inclassable qui évolua le premier dans le territoire alors en friche du croisement entre cinéma et art contemporain.