Jacques Lipchitz

Pour la première fois sont rassemblés dans une exposition les deux grands fonds publics français de l'oeuvre de Jacques Lipchitz : celui du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne et celui du Musée des beaux-arts de Nancy. Un ensemble de quelque soixante-et-une pièces - plâtres, pierres, terres cuites et bronzes - qui présente un panorama complet de la création de Jacques Lipchitz

(Druskieniki, Lithuanie, 1891 - Capri, 1973) entre 1913 et 1964.

On y retrouve les différentes phases de ses recherches : sa période cubiste entre 1913 et 1920 est représentée par des pièces fondamentales comme Marin à la guitare, 1917, ou les radicales figures presque abstraites de 1916, comme Personnage debout ou Sculpture en plâtre. Sont également présents les trois célèbres portraits qui, en 1920, incarnent le retour à la figuration de l'artiste : ceux de Jean Cocteau, Raymond Radiguet et Gertrude Stein.

Précédée de plusieurs maquettes réalisées à Ploumanach, la monumentale Figure en plâtre peint de 1930 incarne le primitivisme latent dans l'art du sculpteur, grand collectionneur d'art africain et océanien. La collection des années trente reflète aussi les grands thèmes bibliques ou mythologiques à travers lesquels Jacques Lipchitz a évoqué l'épopée du peuple juif et l'histoire tragique de son temps (Prométhée étranglant le vautour, 1936, commande pour l'exposition internationale de 1937 à Paris, la Fuite, 1940) dans une matière tourmentée et baroquisante qui contraste avec les volumes pleins et solides de sa période cubiste.

Enfin un des aspects fondamentaux de sa création, la réalisation de commandes pour des mécènes privés, comme le docteur Barnes de Philadelphie et des espaces publiques ou religieux, est illustrée par plusieurs sculptures comme le Bas-relief de 1923 ou Entre ciel et terre de 1958, préludant au grand chef-d'oeuvre des dernières années, la Vierge, qui dans l'église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du plateau d'Assy en Savoie a rejoint d'autres oeuvres de Fernand Léger, Henri Matisse, Marc Chagall ou Georges Rouault, également empreintes de spiritualité et d'universalité.

Un film consacré au Chant des voyelles (1932), l'oeuvre monumentale appartenant au Centre Pompidou, Musée national d'art moderne qui est déposée dans le jardin de sculptures du musée d'art moderne de Villeneuve d'Asq depuis 1993, est présenté dans une salle de l'exposition. Il s'agit d'une réalisation de Christian Bahier pour le service audiovisuel du Centre Pompidou.

Les nombreux documents inédits issus du fonds photographique Marc Vaux du Centre Pompidou, de la Bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou, de la Bibliothèque Doucet / Institut national d'histoire de l'art et du Musée d'art et d'histoire du judaïsme, publiés dans le catalogue, sont également présentés dans l'exposition.