Cinéma / Vidéo
Programme 2 - La Longueur d'Ondes
15 nov. 2002
L'événement est terminé
Wavelength de Michael Snow
1967 / 45' / 16mm / coul. / son.
Ce film est fait en apparence d'un seul plan, un zoom avant continu de 45', accompagné d'un son sinusoïdal de plus en plus aigu, qui débute en plan large dans un atelier de peintre pour - à l'issue d'un rétrécissement continu du cadre (du regard, de l'attention) - terminer son " voyage " sur une photo de vagues de quelques centimètres carrés. En vérité, les plans sont nombreux. Snow se livre à toutes sortes de travaux structurels : clignotement, surimpressions, coloration et utilisation de pellicules de différentes sensibilités, etc.
Simultanément à ces " jeux " visuels Snow incorpore des moments (des " événements ") dont la fulgurance et l'étrangeté sont des marques de fiction, des ébauches de récit dont le plus saisissant est l'effondrement d'un homme
(mort ?) à la limite intérieure du cadre, " effacé " instantanément par le mouvement avant du zoom. Dans ses effets Wavelength s'apparente aux états auxquels on ne parvient que par l'absorption de substances chimiques qui transforment la perception (comme le LSD) et font que le regard se fixe intensément, longuement, seulement sur un objet.
Musique à écouter dans le noir entre deux films : Michael Snow : Falling Starts Conclusion / 1972 / extrait de 5'.
Cette pièce montre les liens entretenu par Michael Snow avec les minimalistes américains : de Morton Feldman à Steve Reich ou encore Philip Glass. Snow a utilisé un piano, dont le son est déformé par une série de compressions puis d'étirements ; un processus graduel de composition nous fera passer d'un extrême à l'autre, en passant par un point d'équilibre d'écoute, la normalité acoustique du piano.
Pièce éditée dans l'album Musics for Piano, Whistling Microphone and Tape Recorder, durée 44'09''. Chatham Square, 1994.
Dripping Water de Michael Snow (coréalisation, Joyce Wieland)
1969 / 10' / 16mm / nb / son.
" On ne voit rien qu'une assiette blanche et de l'eau tombant du plafond dans l'assiette, et vous entendez le son que fait l'eau en tombant. Le film dure dix minutes. Je ne peux imaginer un autre personnage que saint François regardant une assiette se remplissant d'eau si amoureusement, si respectueusement, si sereinement. La réaction habituelle est : " Mais c'est n'importe quoi ! Juste de l'eau qui tombe dans une assiette. " Mais c'est une remarque snob. Cette remarque ne prend pas en compte l'amour du monde, l'amour pour toute chose. Snow et Wieland, filment l'inspiration de l'objet, et laissent le spectateur avec une attitude plus subtile envers le monde qui l'entoure, il peut enfin ouvrir les yeux à ce monde merveilleux. Et comment pourriez-vous aimer les gens si vous n'aimez pas l'eau, la pierre, le verre ? "
Jonas Mekas in New York Times, 1969.
Quand
À partir de 18h30