Spectacle / Concert
ManiFeste 2013
29 mai - 30 juin 2013
L'événement est terminé
Festival international et académie pluridisciplinaire, ManiFeste-2013 replace la musique au centre des « arts du temps ». Pendant un mois, compositeurs, interprètes, metteurs en scène, acteurs, vidéastes, chorégraphes, danseurs sont au coeur de ManiFeste-2013, avec pour thème le montage du réel, la technologie intégrée au corps et à la voix. Entretien avec Bruno Tackels, philosophe et dramaturge.
Propos recueillis par Frank Madlener, directeur de l'Ircam
Festival international et académie pluridisciplinaire, ManiFeste-2013 replace la musique au centre des « arts du temps ». Pendant un mois, compositeurs, interprètes, metteurs en scène, acteurs, vidéastes, chorégraphes, danseurs sont au coeur de ManiFeste-2013, avec pour thème le montage du réel, la technologie intégrée au corps et à la voix. Entretien avec Bruno Tackels, philosophe et dramaturge.
FRANK MADLENER - Vous observez depuis longtemps l’émergence d’« écrivains de plateau », d’artistes qui, comme Gisèle Vienne ou François Verret, rencontrent aujourd’hui l’Ircam.
BRUNO TACKELS - Considérer la scène comme une page sur laquelle on écrit collectivement serait l’une des caractéristiques de l’écrivain de plateau. Cette idée fut très visible lors de festivals emblématiques, comme à Avignon en 2005. L’autorité du metteur en scène « au service du texte » fut battue en brèche par la multiplicité des disciplines simultanément exposées ou « montées ». […] Perte du sens ? En réalité, l’écrivain de plateau ne conteste pas l’écriture mais l’antériorité du texte sur l’appareillage et sur le plateau. J’y vois un phénomène européen qui remonte à Tadeusz Kantor ou à Robert Wilson. François Verret dans son propre parcours m’a frappé par sa mise en scène du sonore avec la présence inoubliable de Jean-Pierre Drouet, percussionniste-acteur-improvisateur. Chez Vienne, je ressens sa proximité à Kantor, dans le rapport entre l’animé et l’inerte, le mort et le vif. Les marionnettes sont plus vivantes que l’acteur, on trouve des pratiques du ready-made, l’objet trouvé en scène, si important dans les arts visuels.
FM - Par l’opération du montage, grâce aux outils du temps réel le « plus naturel » et le plus intime, la voix se combine aujourd’hui à l’artifice : transformation, changement de l’expression, devenir animal, mixage avec l’archive… Un horizon immense se dégage simultanément pour l’opéra, le théâtre, la danse, les arts visuels et même le cinéma.
BT - Mais ce chantier a été lancé par les Grecs, par la tragédie déjà soutenue par l’artifice du masque ! Présence, corps et technologie ne doivent pas être opposées. Aujourd’hui on twitte au Parlement. Qui aurait pu croire que l’Assemblée retrouve par la technologie l’une de ses fonctions originelles ? Et si le théâtre avait dû mourir à cause du cinéma, cela serait arrivé. Or le théâtre a tout avalé, tout l’appareillage, y compris la fonction du montage. Il n’y a aucune raison pour que le spectacle vivant ne soit pas contaminé par les effets infinis de la technologie qui met en crise la notion d’auteur et la distinction absolue entre « émetteur et récepteur »… En 1935, Walter Benjamin fut visionnaire en tout. Son flâneur, soumis aux multiples chocs de la ville, dont la vie est un montage de moments hétérogènes, c’est celui qui navigue aujourd’hui dans les espaces numériques. Bien avant l’avènement d’Internet, cette pensée nous désignait.
Quand
tous les jours sauf mardis
Où
Paris