Rencontre avec Michel Laclotte

Michel Laclotte est certainement l'un de ceux qui, dans notre pays, aura le plus influencé la manière dont les œuvres sont montrées mais aussi peuvent être découvertes et aimées par le plus large public.

Il a fait partie, dans la première moitié des années 50, de cette génération de jeunes conservateurs et historiens d'art qui découvrent à la fois Longhi ou Panofsky et qui ont dû batailler pour échapper au "vrai chauvinisme", au "protectionnisme satisfait" qui régnait dans ces années 1948-1955.

Les si nombreuses expositions qu'il aura conçues et organisées (depuis l'exposition de 1956 à l'Orangerie consacrée aux primitifs italiens) auront toujours fait date aussi bien pour les amateurs éclairés que pour les néophytes auxquels il a tout à la fois le désir et la volonté de s'intéresser également.

Cependant, c'est sans doute davantage encore comme homme de musée qu'il aura marqué son époque. Michel Laclotte a connu une carrière de conservateur d'une fécondité exceptionnelle puisqu'il aura conduit successivement la gestation du Musée d'Orsay puis du Grand Louvre. Il sera d'ailleurs le premier président-directeur du Louvre "nouvelle manière" doté d'un statut d'établissement public.

Le succès qu'ont rencontré ces aventures est-il lié à un accrochage qui ne prétend qu'au respect des œuvres et du public, qui n'est soumis à aucun dogmatisme ni à aucune idéologie et qui n'est pas, a priori, déterminé par une vision particulière de l'histoire de l'art ? Ou faut-il voir dans ces dénégations une ultime délicatesse de celui qui, à la tête du Louvre, souhaitait que les lointains descendants de ces personnages qui incarnent le peuple dans la noce de Zola, se sentent toujours chez eux.