Exposition / Musée
Pawel Althamer
Au Centre Pompidou
13 sept. - 27 nov. 2006
L'événement est terminé
Onze jeunes artistes basés en France, issus de différentes écoles, sont invités par Pawel Althamer, afin de réaliser un projet commun : un théâtre d'ombres filmé en onze épisodes. Althamer définit son travail selon trois ensembles : les oeuvres en rapport avec l'institution, celles s'adressant aux groupes et celles associant sa famille. C'est ce principe qu'il applique, lors de cette exposition. Les artistes ont été choisis pour la cohérence du groupe à partir d'une vingtaine d'étudiants présélectionnés et ils ont ensuite été invités à participer à plusieurs ateliers. L'exposition rend compte de leur collaboration et surtout des réflexions sur le statut de l'artiste dans une société gagnée par le star system.
Invité à réaliser une exposition dans l'Espace 315, Pawel Althamer a préféré réunir un groupe de onze jeunes artistes issus de différentes écoles de Beaux-arts, nés entre 1972 et 1981, et leur confier la réalisation du projet. Pawel Althamer se sert ainsi de son art comme d'une opportunité pour autrui en proposant le Centre Pompidou comme lieu d'expérience pour ces jeunes artistes. Une présentation de l’histoire du Centre et de ses différents outils leur a été proposée ; ils ont ensuite été invités à participer à plusieurs ateliers.
L'exposition rend compte de cette collaboration et de la réflexion de ce groupe sur le rôle de l'artiste et de l'institution aujourd'hui - et ce notamment dans une société gagnée par le star system.
Le « workshop »
Pawel Althamer a invité le groupe à participer à plusieurs ateliers. Le premier a eu lieu au Centre Pompidou en mars 2006 où une présentation de l'histoire du Centre et de ses différents outils a été proposée aux artistes. Le deuxième atelier a eu lieu en avril dans le village de Plochocinek en Pologne pendant deux semaines. Là, les artistes ont développé des projets personnels et ont pris part aux activités collectives initiées par Pawel Althamer. De cette expérience a émergé l'idée de réaliser un film en théâtre d'ombres basé sur leurs impressions pendant le « workshop ».
La contribution de Pawel Althamer à l'exposition consiste par ailleurs en un film retraçant le processus du projet et les échanges survenus au sein du groupe. Ce film, intitulé Plochocinek, est montré dans le Forum, en marge de l'exposition, réalisant le souhait de mise en retrait de Pawel Althamer.
Le statut de l'artiste
La réelle intention de Pawel Althamer consiste à questionner le statut de l'artiste, et ce dans le contexte particulier d'une exposition institutionnelle. En se concentrant sur le processus de collaboration entre les jeunes artistes, il met de côté leurs travaux artistiques respectifs et se positionne contre une certaine idée de l'artiste star. En effet par la variété de leurs origines, de leurs pratiques et des médiums utilisés, les artistes d'aujourd'hui ne fonctionnent plus sur le mode « romantique » du groupe artistique. Ce concept suranné peut-il encore être réactivé et générer de nouvelles réflexions ? Travailler avec de jeunes artistes permet à Pawel Althamer de dialoguer avec une génération en plein questionnement sur son propre devenir, à l'heure où le monde, y compris celui de l'art, semble fonctionner à l'aune des règles de compétition et de compétitivité.
L'exposition s'inscrit donc dans une démarche inverse de celle inaugurée par Jeffrey Deitch à New York en 2006 avec son projet « Artstar », réplique de la Star Academy, et visant à mettre sous les feux de la rampe un artiste star.
Pawel Althamer
Pawel Althamer est né en 1967 à Varsovie. Il est aujourd'hui reconnu dans son propre pays et depuis peu sur la scène artistique internationale. Il a réalisé des expositions monographiques au Museum of Contemporary Art à Chicago en 2001, au Kunstverein für die Rheinlande à Düsseldorf en 2003 et a participé à de nombreuses expositions de groupe en Europe comme la biennale de Venise en 2002. Le Musée Bonnefanten de Maastricht lui a décerné le prix Van Gogh en 2004.
Pawel Althamer définit aujourd'hui son travail selon trois ensembles : les œuvres en rapport avec l'institution, celles s'adressant aux groupes ou à la notion de communauté, et celles associant sa famille. Vers le milieu des années 1990, il s'intéresse à la place de l'art dans les grandes villes. Pour son projet 2000 il a demandé aux habitants d'un immeuble HLM de Varsovie de créer un panneau signalétique gigantesque en allumant des lumières dans des fenêtres spécifiquement désignées, écrivant ainsi le nombre " 2000 " sur la façade de l'immeuble. Dans un esprit plus ironique, il a engagé des sans abri pour jouer le rôle de critiques d'art pendant l'ouverture de l'une de ses expositions, ou encore, il a demandé à des immigrants polonais de détruire l'espace de la Wrong Gallery de New York et de la reconstruire à l'identique dans un exercice insensé qui remet en question l'autorité du milieu artistique. De la même manière, à Berlin en 2003, il a transformé l'espace à l'esthétique « white cube » de la galerie Neugerriemschneider ; il en a fait un lieu désolé et vide, rappelant son état originel, après la chute du Mur et avant l'embourgeoisement du quartier.
De la même façon, Pawel Althamer joue souvent de la disparition, décevant les attentes traditionnelles quant au rôle de l'artiste par un jeu de substitution. Il transforme un espace de musée en salle d'attente, demande à sa fille d'être gardienne de son exposition, ou donne à une surveillante un poste radio et une théière afin de rendre son travail plus confortable. Sa présence se fait alors effacée, discrète. Son propos demeure toujours voilé et mystérieux, semant le trouble par son côté insidieusement subversif.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis