Cinéma / Vidéo
Laura Waddington
20 nov. 2006
L'événement est terminé
Dans le cadre du Mois du film documentaire, "Vidéo et après" consacre sa séance de novembre à des vidéos d'artiste dont la forme approche ou renouvelle le genre documentaire.
Née en 1970 à Londres, Laura Waddington a étudié la littérature anglaise à l'université de Cambridge avant d'emménager à New York, où elle travaille dans le cinéma indépendant. Inspirée par la pratique de certains musiciens électroniques - qu'elle rencontre alors qu'ils enregistrent et distribuent leur musique directement à partir de leurs appartements, contournant ainsi les structures traditionnelles de fabrication - elle commence ainsi à s'intéresser aux modes de production alternatifs et se met à utiliser la vidéo. Elle produit sa première vidéo en 1995 : « Zone » enregistrée au moyen d'une caméra espion sur un paquebot puis « The Lost Days » en 1997, qui relate le voyage d'une femme à travers le monde. À cette époque Laura Waddington vivait illégalement aux États-Unis et ne pouvait donc pas se déplacer, elle a recherché sur Internet des habitants de quinze pays différents et leur a demandé de filmer leur ville, elle a ensuite récolté les documents et les a retravaillés. Le travail de Laura Waddington a été présenté et primé dans de nombreux festivals internationaux de films et de vidéos, parmi lesquels ceux de Locarno et de Rotterdam. Ayant la phobie des avions, Laura Waddington prend le temps du voyage et rapporte de ses « expéditions » d'obsédants témoignages sur les exilés du monde.
Cargo
2001 / 29',/ couleur / son stéréo
Anglais sous-titré en français
La vidéo Cargo a été commandée en 2000 par le Festival du Film de Rotterdam, dans le cadre du projet « On the Waterfront » (série de journaux numériques, réalisé par dix réalisateurs dans différents ports à travers le monde).
« Cargo raconte un voyage que j'ai fait sur un bateau cargo qui se rendait au Moyen-Orient avec un groupe de marins Philippins et Roumains. Je suis restée à bord six semaines. En Syrie, les ports étaient des zones militaires. Derrière un hublot, j'ai filmé la vie qui se déroulait en bas : un homme qui volait du bois, un soldat qui pêchait, accroupi sur un vieux sous-marin. Les marins n'avaient pas la permission de s'éloigner du bateau. Ils passaient leur temps à attendre, à chanter du karaoké ou à me raconter des histoires dans une salle de télévision. Plus tard, j'ai écrit une histoire, à la frontière de la fiction et de la réalité. J'ai voulu de cette manière montrer les limbes dans lesquelles vivaient ces marins. »
Laura Waddington
C'est un voyage mélancolique à bord d'un navire marchand - où le temps n'a plus d'emprise - évocateur des conditions dégradées de ces travailleurs (certains n'ont pas reçu leur salaire depuis des mois, d'autres, parce qu'ils n'ont pas de papiers, ne sont pas descendus à terre depuis des années). Laura Waddington apporte un commentaire pénétrant sur l'errance sans destination de ces marins condamnés à rester à bord, à quai et à l'ennui et propose notamment à travers sa voix en off, une réflexion sur la notion d'identité et d'existence.
Border
2004 / 27' / couleur / son stéréo
Anglais sous-titré en français
Après avoir entrepris de nombreux voyages en Europe, au Kurdistan et dans les Balkans, à la recherche d'itinéraires empruntés par les réfugiés, elle s'est tapie dans les champs entourant le camp de la Croix Rouge de Sangatte et a filmé les émigrants afghans et irakiens, essayant de rejoindre l'Angleterre par le tunnel sous la Manche. Captées de nuit, les silhouettes spectrales de ces hommes sont uniquement éclairées de loin par les lumières de l'autoroute ; une musique de Simon Fisher-Turner accompagne leur trajectoire. « Border » témoigne de la situation critique des réfugiés après la fermeture du camp et des violences de la police faites à leur endroit. Laura Waddington raconte ainsi son expérience esthétique de la peur au travers d'images qu'elle déforme - au risque de faire tiquer les garants de l'éthique journalistique - usant de ralentis, d'arrêts, enrayant le son. Par la forme, elle donne ainsi une dimension inédite à la tragédie politique qui se joue devant nous et révèle l'idée de cruauté au travers d'une facture superbe, fortuite mais néanmoins bien réelle.
Quand
À partir de 18h30