Exposition / Musée
Les Peintres de la vie moderne
Donation - Collection photographique de la Caisse des Dépôts
27 sept. 2006 - 12 mars 2007
L'événement est terminé
Grâce à la donation de la Caisse des Dépôts, de nouvelles oeuvres de Thomas Struth, Andreas Gursky, Thomas Ruff, Martin Parr, Thomas Demand, Valérie Jouve, Eric Poitevin, Sophie Ristelhueber entrent dans les collections nationales. Le Centre Pompidou enrichit ainsi considérablement son fonds de photographies en y ajoutant près de 700 oeuvres, réalisées par plus de 200 artistes français et étrangers, dont la plupart n'étaient pas présentés dans la collection. Cet ensemble, remarquable par sa qualité et sa quantité, fait l'objet d'une importante exposition organisée autour de trois grandes thématiques - la représentation du pouvoir, les dimensions sociales et politiques ainsi que la fiction et l'illusion.
L'exposition Les Peintres de la vie moderne célèbre l'importante donation de la collection de photographies contemporaines faite par la Caisse des Dépôts au Centre Pompidou en 2006. Le parti pris adopté est de montrer la quasi-totalité des 680 œuvres.
Composée de photographies d'artistes français et étrangers des années 1980 à nos jours, cette collection laisse une large place à la jeune création. Elle s'est constituée entre 1991 et 2003 à partir d'acquisitions directes choisies en commission d'achat, de commandes et d'aides à la production d'œuvres. Grâce à cet apport, le fonds de photographies du Musée national d'art moderne se trouve considérablement enrichi et de nouvelles œuvres de Thomas Struth, Andreas Gursky, Thomas Ruff, Martin Parr, Thomas Demand, Valérie Jouve, Eric Poitevin, Sophie Ristelhueber... entrent dans les collections nationales.
Le titre de l'exposition, hommage au texte de Baudelaire sur l'éloge de la modernité, suggère que ces œuvres sont en prise avec leur temps. Mise en œuvre par une institution dont les missions publiques sont étroitement liées au développement des territoires et aux perspectives d'aménagement à long terme, la collection photographique de la Caisse des Dépôts reflète la société contemporaine, ses mutations et ses enjeux. Le parcours de l'exposition s'articule, autour d'une salle centrale, la réserve, en trois sections thématiques : pouvoirs, représentation du monde (la France et le Monde) et fictions.
La scénographie met en scène cette donation en reconstituant l'univers de la collection d'entreprise qui, au fil de l'exposition, prend son statut de collection muséale.
Entrée et façade sur rue
La création de Niek Van de Steeg, Structure-Lectures, a été commandée spécifiquement pour l'exposition par la Caisse des Dépôts. Elle propose une réflexion sur les liens entre l'art et le monde de l'économie en présentant des objets, catalogues et documents qui permettent de découvrir les actions menées par la Caisse des Dépôts. La seconde partie de l'œuvre, graphique et visible depuis la rue, retrace un parcours chronologique de vingt ans de mécénat culturel d'entreprise avec les principales étapes de cette histoire.
Antichambre
Franchissant ce seuil, le visiteur pénètre dans un espace aménagé comme un hall d'accueil, qui marque le passage entre l'univers fonctionnel de l'entreprise et celui souvent plus compassé du musée. Cette atmosphère solennelle reflète cependant les similitudes de l'image de la respectabilité qu'inspirent le musée et l'entreprise où s'incarne déjà l'image du pouvoir. Avec The Analysis of Beauty, 1988, Karen Knorr ironise sur l'idée du connaisseur vu comme un expert du regard. Les œuvres de Thomas Struth, quant à elles, traitent du comportement des visiteurs face au spectacle muséal.
Pouvoirs
Placée au centre de la pièce, la grande table, où sont présentés les rapports d'activité de la Caisse des Dépôts, recrée l'univers de la salle du conseil d'administration. Aux murs, des photographies évoquent l'idée du pouvoir. Celui-ci s'incarne, de manière évidente, métaphorique ou sous-jacente, dans des images véhiculées par les médias, dans des signes chers au discours publicitaire ou enfin dans des espaces de travail, de décision ou de conflit.
Dans Mercedes, Rastatt, 1993, d'Andreas Gursky, se reflète la puissance de l'industrie allemande dans une esthétique froide et impersonnelle. Cette distance du regard se retrouve chez Claude Closky avec des signes publicitaires (Auchan, 1992) prélevés méthodiquement dans l'espace urbain et réorganisés sans souci esthétique. Dans une démarche plus critique, Antonio Muntadas, architecte de formation, montre l'importance de l'architecture dans les espaces de décision avec la série Architektur, Raüme, Gesten, 1991.
Dans les images de conflit, les traces des tensions créées par la guerre apparaissent dans les détails. Si les paysages de Paul Graham, de la série Troubled Land, réalisée en Irlande du Nord, sont désertiques on y perçoit pourtant la menace de la guerre civile. Lorsque Sophie Ristelhueber réalise des images de la guerre du Golfe dans la série Fait, 1992, elle ne photographie que les traces laissées par les engins militaires comme des cicatrices dans la terre, ou les débris d'obus comme les fragments du désastre.
Réserve
Exposition dans l'exposition, cette salle évoque les cabinets de curiosité, ancêtres des salons de peintures. Exposées dans un accrochage très dense, ces œuvres auraient pu faire l'objet d'une autre exposition. Il s'agit ici d'affirmer que l'intérêt de la collection, par delà les thèmes, les forces que l'on pourra y relever, réside bien, dans sa constitution même et dans son identité d'ensemble.
La France et le Monde
Parmi les lignes de forces de la collection, la représentation du paysage et de l'architecture reflète une des missions fondamentales de la Caisse des Dépôts, celle de l'aménagement du territoire. Cette section en propose différentes représentations, en France et dans le monde. Les enjeux politiques, religieux et sociaux y sont décryptés et mis en images sur un mode tantôt ironique, tantôt grave, proche parfois du reportage. Les photographies de Valérie Jouve renouvellent l'image de la ville avec le paysage et l'architecture, mais aussi à travers le comportement et les postures de ses habitants. Édouard Levé procède avec ironie par jeu sémantique dans la série Angoisse en se laissant guider par le nom d'un petit village de Dordogne pour se confronter à la réalité du lieu. Les Dimanches, 1977, de Véronique Ellena donne l'illusion du bonheur en cette douce France. Tandis que les photographies spectaculaires de Mathieu Pernot, Mantes-La-Jolie, 1er juillet 2001, montrent une banlieue exsangue. Ici comme ailleurs, les territoires et la société sont en pleine mutation. Les vues de Tanger, Colline du Charf (Lieu-dit du Tombeau d'Antee), 2001, de Yto Barrada, dévoilent un territoire de l'entre-deux obsédé par le désir d'Occident, une ville qui se vide. À Tokyo, les maisons en carton photographiées par Ryuji Miyamoto révèlent l'autre aspect de la ville. Dans les mystérieux portraits de Shadi Ghadirian, la femme iranienne est réduite à un objet domestique. La photographie Suzanne and Lutz, white dress, army skirt, 1993, de Wolfgang Tillmans, montre l'aspect « trash » d'une adolescence en prise avec la mode, à fois fascinante et monstrueuse.
Fictions
Aux images du réel succèdent celles de la fiction : leurres et mise en scènes mettent en évidence la photographie hantée par d'autres univers esthétiques tels que le théâtre, le cinéma et la littérature. Ces salles évoquent quatre temps de la fiction et leur étroite relation avec le cinéma. Tout d'abord le temps des repérages, moment d'une recherche qui voisine avec les approches documentaires mais qui laisse entrevoir le potentiel romanesque se dégageant des lieux repérés. Ainsi Allan Sekula dans Décor pour Titanic, Popotla, 1996-97, joue avec l'échelle et fait apparaître l'inaccessibilité des lieux du tournage pour les habitants de la plage de Popotla. Les zoos de Thomas Mangold désertés par les animaux ressemblent à des scènes de théâtre. Puis vient le temps des projections, lorsque l'image fixe emprunte plus ou moins ouvertement au cinéma ses codes, ses sujets et son mode de narration. Dans les Lieux de crime de Jean-Christophe Garcia, l'artiste s'interroge sur ce que donne à voir la photographie : quelle peut être la part de mise en scène dans ce que nous voyons et ce que nous croyons voir ?
Enfin le temps des lectures et des inévitables brouillages de sens qu'elles entraînent. Certains artistes, en choisissant délibérément de brouiller les codes de représentation au moyen d'artifices techniques, prolongent l'effet cinématographique. Éric Rondepierre collecte dans les archives publiques ou privées du monde entier des chutes de films méconnus ou oubliés. Il recycle ces images altérées pour inventer de nouvelles images mettant en scène des corps féminins. Dans la série Loupe/Dormeurs Livre, 1999-2002, une photographie grossie à la loupe est recouverte d'un texte de mots serrés qui forment une fiction supplémentaire.
La Caisse des Dépôts collectionneur
Constituée entre 1991 et 2003, la collection photographique de la Caisse des Dépôts s'est formée sur différents critères : le choix du médium photographique, familier de tous et accessible sur le plan financier ; l'aide à la création contemporaine et sa valorisation ; des œuvres destinées à être exposées dans les espaces de travail. Les choix artistiques se sont orientés, en fonction des missions de la Caisse des Dépôts, autour de l'aménagement du territoire même si parfois ils laissaient la place à des coups de cœur. Ainsi les thèmes de la société, de la ville, de la vie sociale et ses reflets « fictionnels » sont apparus comme les axes de la constitution de cette collection.
Les différents modes d'acquisition ont permis de constituer un ensemble important tant par sa qualité que par sa quantité. Les acquisitions directes se sont opérées par des propositions d'œuvres de chacun des membres de la commission d'achat composée à part égale de personnalités du monde de l'art et du personnel de l'entreprise. Le choix se faisait en commission. D'autres œuvres ont pu être acquises grâce à la commande ou l'aide à la production.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis