Festival / Soirée
Les rendez-vous du Forum
Session 4 : Fun Palace
21 - 31 oct. 2010
L'événement est terminé
Yann Chateigné Tytelman, Tiphanie Blanc et Vincent Normand vivent aujourd'hui en Suisse. Le premier est responsable de la filière arts visuels de la Haute école d'art et de design de Genève, les deux autres seront dès la rentrée programmateurs de l'espace Forde. Ils ont en commun une complicité de plusieurs années et incarnent une nouvelle génération de critiques et de chercheurs soucieux d'histoire de l'art. À l'invitation du Centre Pompidou, ils ont fouillé ses archives et se sont attaché le savoir-faire de plusieurs artistes venus de tous horizons, auxquels ils ont livré le fruit de leurs recherches pour en faire la matière de la proposition de chacun. Une pensée du présent soucieuse de mémoire et de remise en perspective du passé.
UNE PROPOSITION DE TIPHANIE BLANC, YANN CHATEIGNÉ ET VINCENT NORMAND.
Pour Fun Palace, un groupe d'artistes et de penseurs, issus de différents domaines et horizons, est convié à revisiter, le temps d'une journée, un choix précis d'histoires orales et d'expériences parallèles, d'archives oubliées et retrouvées du Centre Pompidou. Ainsi ils écrivent, au sein d'un dispositif mobile, entre scène, modèle d'architecture et installation, conçu à partir de matériaux et de restes d'expositions du Centre, une histoire invisible du
Centre Pompidou, par ses marges et ses secrets : films et projections, réinterprétations et réincarnations, concerts hantés, transmissions orales, archives immatérielles, éditions
Avec : Lars Bang Larsen, Delphine Bedel, Etienne Chambaud, Céline Condorelli,
Dexter Sinister, Luca Frei, Karl Holmqvist, Junior Aspirin Records, Monster
Island, Sarah Pierce, Dolphins into the Future , Michael Stevenson, Camille de
Toledo, Tris Vonna Michell.
Apparitions de : Vito Acconci, Joseph Beuys, Daniel Buren, David Byrne, Louis
Capet, Henri Chopin, Le Cinquième Département, Guy Debord, Destroy All Monsters
/ Cary Loren, Robert Filliou, L'Institut des Hautes Etudes en Arts Plastiques ,
Valéry Giscard d'Estaing, Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville, John Giorno,
Allen Ginsberg, Brion Gysin, Jonathan Horowitz, Pontus Hulten, Mike Kelley et
Paul McCarthy, Mauro Lanza, Lefevre Jean-Claude, Le Mur du Fond / Jean-François
Bergez, David Markey, Gordon Matta-Clark, Albert Meister, Bruce Nauman, Raymond
Pettibon, Cedric Price, Eliane Radigue, The Residents, Jean Rouch, Philippe
Seguin, Leslie Thorton, Lawrence Weiner, Frank Zappa.
Dispositif scénographique : Stéphane Barbier Bouvet.
Photo Bovis Fine Art. © ADAGP, Paris, 2010.
« Le Forum, matrice sous-terraine de l'utopie primitive du « Centre Beaubourg
», accueille une structure temporaire conçue avec la collaboration d'un ensemble d'artistes, d'éditeurs, de musiciens, de labels, d'écrivains et de curateurs issus de différents horizons. Dans cet espace anciennement ouvert sur la cité et traversé par la machinerie du visible, arène mécanique entièrement dédiée à l'expérience du présent, Fun Palace accueille une série d'explorations des marges de l'activité passée et présente du lieu, se construisant dans sa part cachée, dans les brèches qui séparent les discours et les gestes hétérogènes qui l'ont habité. Se référant au nom du projet cybernétique d'institution éphémère non réalisé de Cedric Price et Joan Littlewood (1961) ayant servi de modèle théorique et de surnom informel au Centre Pompidou lors de sa construction, Fun Palace tente de poser un point de transmission discontinue, scandée de dix séquences quotidiennes offertes à autant d'invités qui inventent et traversent, sans programme, cette archive fondée sur l'état de latence propre à l'instauration d'une énigme, d'une participation secrète, d'une fiction d'écriture. Récits oraux et légendes parallèles, archives immatérielles et oubliées dessinent une histoire invisible et fragmentaire du
Centre. Ce dispositif d'interprétation s'attache aux traces de vie des expériences inachevées et des notions laissées en suspens qui hantent l'institution. Prisme dispersant l'histoire écrite du Centre en faisceaux divergents, apparaissant et disparaissant, Fun Palace s'invente dans ses points aveugles et ses angles morts. L'exposition, nourrie de zones d'ombre et de mythes partagés, invente des manques, et interroge cet état suspendu de l'histoire que nous percevons, ce que le sociologue suisse Albert Meister appelait dans son récit de science-fiction écrit en 1976 lorsque le Centre s'élevait de terre, "la soi-disant utopie du Centre Beaubourg"».
Tiphanie Blanc, Yann Chateigné et Vincent Normand
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« Les institutions, comme toutes les bonnes histoires, ont un début et une fin.
On leur donne vie, puis on les met à mort. Beaucoup sont mortes. D'autres continuent de vivre. Certaines sont déjà éteintes qui ne le savent pas encore, avançant dans l'histoire telles des fantômes sans attache. Au cœur de ce trou immense qui a fait tomber à près de vingt mètres de profondeurs l'ancien plateau, s'élève aujourd'hui le spectacle d'une gigantesque structure, autre non lieu, bâtiment en forme de vaisseau de métal dont il serait bien difficile de prévoir la future disparition.
A un parc d'automobiles succède un autre, d'attractions : « pour l'éducation ludique des travailleurs » ; ironie du destin, ce qu'annonçait Abdelhafid
Khadid, il y a près de vingt ans, se déroule sous nos yeux. Car le vieux Paris n'est plus : un artiste fait polémique dans la presse, qui a découpé un trou dans la façade d'un immeuble, geste outrageux comme dessiné à même la feuille de pierre, trouée, reste archéologique momentanément oublié autour du chantier, ruine de forum antique, énorme masse de vide, non-monument futur. A quelques centaines de mètres de là, on vient de fouiller une nécropole mérovingienne. Le trou, qui sera bientôt refermé par une agora transparente découpée en plateaux superposés, est bien la forme symbolique, négative, de notre époque.
Aujourd'hui, pose de la première poutre. Une fête est organisée, opposant à la lourdeur absolue de l'acier un ensemble de formes gonflables en mouvement mimant les outils du chantier, satire populaire aux couleurs du futur bâtiment qui recentrera les actions informelles et innommées, les visions obscures et cachées en son centre, fiché dans les entrailles aveugles des sous sols de
Paris finalement mis au jour. Un soir d'ivresse avec quelques amis, j'imagine au revers du monument qui s'élève, dans la destruction et la ruine de l'ancienne cité vers ses profondeurs, une sorte de musée inversé, scène offerte au grouillement des activités non planifiées et imprévisibles d'un peuple imaginaire. Et je me rappelle soudain qu'une ancienne légende allemande raconte que la vision d'un double symbolise l'instant prédictif, datant la mort prochaine du sujet. »
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Les commissaires:
Tiphanie Blanc (1984, Paris) est critique d'art et commissaire d'exposition.
Basée à Genève, elle co-dirige depuis la rentrée l'espace d'art contemporain
Forde et co-édite de la revue Criticism.
Yann Chateigné est né en France en 1977. Critique, curateur, éditeur, il vit désormais en Suisse. Depuis 2009, il est Responsable du Département Arts
Visuels de la Haute Ecole d'Art et de Design de Genève.
Vincent Normand (1985, Paris) est critique d'art et commissaire d'exposition.
Co-fondateur de la revue Criticism, co-directeur l'espace d'art contemporain
Forde à Genève, ses textes sont publiés dans différentes revues.
Les invités
Lars Bang Larsen, Fourier was not Utopian: The Delirium of Common Sense
30 Octobre 2010, 19h
Le critique et commissaire d'exposition danois explore les notions d'utopie et de rationalité, de l'espace social à l'organisation politique et à l'économie contemporaine, à partir de la pensée visionnaire du penseur français du 19ème siècle Charles Fourier comme prisme pour relire Marx et Engels, le psychédélisme ou Maurice Blanchot.
Delphine Bedel, Le Cinquième Département : Fragments
31 Octobre 2010, 15h
Discussion autour de la place de la recherche et la transmission orale dans l'institution, à partir d'exemples historiques et contemporains.
Delphine Bedel revisite l'expérience et l'héritage du temporaire mais essentiel
Institut des Hautes Etudes en Arts Plastiques (1985-95). Dirigé par Pontus
Hulten, puis par Daniel Buren, l'Institut fut un temps envisagé comme Cinquième
Département de la Recherche pour le Centre Pompidou.
Avec la participation de Dexter Sinister (Stuart Bailey et David Reinfurt),
Valérie Pihet (Ecole des Arts Politiques, Paris).
Suivi de la Projection de 'Teaching and Learning as Performings Arts' Part 2',
Video University de Robert Filliou (1979).
Etienne Chambaud, Contre-histoire de la Séparation
22 Octobre 2010, 11h - 21h
Le texte d'un film documentaire d'Etienne Chambaud et Vincent Normand est répété par l'acteur qui en réalise le doublage. L'histoire débute sous la
Terreur avec l'invention simultanée du musée public et de la Guillotine, et s'achève en 1977, année de la dernière décapitation par guillotine en France et de l'ouverture du Centre Pompidou.
Le Cinquième Département,
Documents rassemblés autour du projet avorté d'un Département de la Recherche au Centre Pompidou et du projet temporaire d'école qui y fut rattaché entre
1985 et 1995 par Pontus Hulten.
Céline Condorelli, Again for Tomorrow
Superstructure (hommage)
2010, ballons, hélium
Les batailles du centre
2010, projection diapositive, enregistrement sonore et extrait de Music for
Museums Céline Condorelli / Support Structure (2008) © KwanYin Records
Dexter Sinister, The Fun Palace (Seriously)
2010, enseigne lumineuse
138 x 25 cm
Dolphins into the Future, concert
21 Octobre 2010, 20h30
Dolphins into the Future est le projet musical de Lieven Martens : plongée hypnagogique dans un océan de sons synthétiques, entre fusion
ésotérique seventies et musique de relaxation New Age, illustration 3D exotique et rituel sonore hédoniste. Considéré comme l'une des figures clés de la scène
DIY belge, il anime les labels Taped Sounds et Cetacean Nation Cassettes et collabore les musiciens hantologiques avec James Ferraro, Oneohtrix Point
Never, Ducktails Pour Fun Palace, Dolphins into the Future propose une composition spéciale, donnée le soir de l'ouverture, au cœur du « vaisseau » qu'est le Centre, convoquant les fantômes du design sonore du Centre, ambient aquatique d'un Nautilus imaginaire, hétérotopique.
Luca Frei, Sans titre
2003 - 2010
Cartes postales, impression Chromolux
12 x 17 cm
Courtesy de l'artiste et Balice Hertling
75191 Paris Cedex 04
Bois, chaines, chaises
Dimensions variables
Courtesy de l'artiste et Balice Hertling
Untitled, 1994 - 2010
Diptyque, C-print
90 x 120 cm chaque
Courtesy de l'artiste et Balice Hertling
Karl Holmqvist, The Last Museum
24 Octobre 2010, 19h
Rituel incantatoire basé sur les dernières années de la vie de Brion Gysin, lorsque l'artiste s'installait face au Centre Pompidou et inventait la mythologie du Dernier Musée.
Junior Aspirin Records, Life-Size Model of Les Halles, Re-enacted in 8 hours of
REAL TIME 27 Octobre 2010, 13h - 21h
Entre concert pop, séance d'écoute érudite et émission de radio satyrique, l'intervention du label britannique Junior Aspirin Records, emmené par Andy
Cooke, Dan Fox et Nathaniel Mellors, propose une plongée archéologique dans les archives sonores du Centre Pompidou, et creuse le musée jusqu'à trouver sous ses fondations des formes de vie disparues.
Avec Advanced Sportswear, God In Hackney, The Rebel, and Socrates That
Practices Music.
Monster Island, Ah ! Sunflower
28 Octobre 2010, 19h La projection en avant-première du film Ah ! Sunflower réalisé par Cary Loren donne lieu à une performance de Monster Island, formation composée de Elizabeth Sporleder, James Hoff et Cary Loren. Artiste, réalisateur et musicien de Detroit, Cary Loren fût l'un des membres fondateurs, au début des années 70, du groupe Destroy All Monsters avec Mike Kelley, Jim
Shaw et la performeuse Niagara. Ah! Sunflower prend pour point de départ des visions d'artistes, de poètes et de saints comme Allen Ginsberg, William Blake et Hildegard von Bingen.
Le Mur du Fond
1982 - 2010
Un ensemble d'archives évoque l'activité au Centre Pompidou de Jean-François
Bergez qui, en 1982, occupait le "mur du fond" du Forum en y organisant une programmation d'expositions semi-clandestines.
Sarah Pierce, The question would be the answer to the question, "Are you happy?" (Paris Chapter)
2009, vidéos 5' et 50'
25 Octobre 2010, 9h (tournage), 16h (discussion)
Avant l'ouverture du centre, un groupe d'étudiants participe à une discussion animée par l'artiste, après avoir visionné Chronique d'un été, film tourné dans les rues de Paris par Jean Rouch et Edgar Morin en 1961. L'œuvre, tournée dans l'espace d'exposition, est montrée le jour d'après. Entre le tournage et le montage, une rencontre avec l'artiste pointe les enjeux de ses projets pour Fun
Palace.
The Metropolitan Complex n°16
2010 Journal, format A3, comportant une reproduction de la couverture du journal L'Humanité du 29 novembre 1975
Design: Sarah Pierce
L'Humanité, journal
Daté du 29 novembre 1975
La Soi-disant utopie du Centre Beaubourg
1976, documents réunis autour du récit satirique produit sous le pseudonyme de
Gustave Affeulpin par Albert Meister dans l'instant de l'ouverture du Centre.
Michael Stevenson, Introduccion a la Teoria de la Probabilidad, 2008, 25' 38''
(espagnol, sous-titres anglais)
On How Things Behave, 2010, environ 15', DVD (anglais)
29 Octobre 2010, 18h - 21h
Projection de deux films précisément choisis par Michael Stevenson pour leur relation spéculative, complexe et déstabilisante avec les notions de temps et d'espace, de probabilité et de prédictibilité, d'histoire et de fiction. Ils constituent les points de départ d'une présentation dense, ramifiée, voire hypnotique par l'artiste d'origine néo-zélandaise aujourd'hui basé à Berlin.
Camille de Toledo, Trous, archives et comblement : le Palais des Tuileries, une fiction architecturale. Commentaires sur une utopie réactionnaire à l'orée du
21e siècle.
23 Octobre 2010, 17h
Une histoire monumentale, de la Restauration à sa reconstitution, présentée par l'écrivain, en conversation avec Yann Potin, anthropologue de l'écriture et historien des archives.
Tris Vonna Michell, Finding Chopin: Excerpts
2010, 160x90cm, table, impressions, bande son
Fun Palace est une session conçue par Tiphanie Blanc, Yann Chateigné et Vincent
Normand. Elle a reçu le soutien de la FIAC pour le concert de Dolphins into the
Future, du Centre International d'Art et du Paysage de l'Ile de Vassivière pour le projet d'Etienne Chambaud et est organisée en co-opération avec
LiveInYourHead, Institut Curatorial et le programme Work.Master : Pratiques artistiques contemporaines de la Haute Ecole d'Art et de Design de Genève pour les projets de Delphine Bedel et Dexter Sinister. Elle a bénéficié du concours de l'ensemble des équipes du Centre Pompidou. Production exécutive : Le
Troisième Pôle.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis