Débat / Rencontre
Cycle "Les Scènes de l'art" : le spectacle
10 mai 2000
L'événement est terminé
Un cycle de rencontres pour voir comment la création d'aujourd'hui en appelle à des domaines extérieurs à l'art en cherchant ses références dans des univers aussi divers que ceux du spectacle, de la mode, de la télévision, du sport ou de la fête.
Il y a malentendu (sans doute délibéré) quant à l'usage qu'après Guy Debord, on fait désormais de la notion de spectacle. Pourtant, un ample courant de la création contemporaine s'en réclame (sans jeu de mots) et la revendique, trouvant en elle les modèles d'une expérience esthétique qui lui emprunte ses règles et son fonctionnement, ses différentes formes comme ses outils dans lesquels l'artiste ne semble plus craindre les effets pervers. S'il s'en empare, d'autres diront qu'il s'y complaît, liquidant probablement ainsi la dimension critique et politique sur laquelle se fondaient et se légitimaient les pratiques des avant-gardes.
Deux figures majeures de la pensée contemporaine viennent ici s'opposer:
Le philosophe américain Richard Shusterman qui, après "L'art à l'état vif" (Minuit, 1992) et "Sous l'interprétation" (Les éditions de l'Eclat, 1994), s'interroge sur la survivance de l'expérience esthétique à partir des nouveaux médias et des arts populaires ainsi que des expériences nocturnes de la vie urbaine, bref, hors des scènes habituelles de l'art institutionnel. Prolongeant ici, en disciple attentif du pragmatisme de John Dewey, sa réflexion sur "La fin de l'expérience esthétique" (Quad, 1999), il poursuit sa défense esthétique des formes les plus différentes des arts populaires et analyse les conditions d'une éthique fondée sur un art de vivre et un "retour au plaisir".
Le philosophe Clément Rosset, grand exégète de Schopenhauer et auteur entre autres ouvrages de "Logique du pire" (P.U.F., 1971), "Le réel, Traité de l'idiotie" (Minuit, 1977), "L'objet singulier" (Minuit, 1979), "La force majeure" (Minuit, 1983) entrevoit de façon radicalement différente les conditions d'un projet esthétique contemporain. En opposition au pragmatisme d'un Shusterman trouvant sa légitimité en dehors de toute hiérarchie oppressive, il n'hésite pourtant pas à interroger conjointement des modèles philosophiques classiques et des formes culturelles tenues pour mineures afin d'analyser l'écart entre réel et représentation, aboutissant à ses yeux à la valorisation grandiloquente de l'image au détriment de la réalité.
Programmation / intervenant(s) :
Clément Rosset, Richard Shusterman, Bernard Blistène
Quand
À partir de 19h30