Débat / Rencontre
Cycle "L'écrivain & Co" : Guillaume Dustan
06 mars 2002
L'événement est terminé
Guillaume Dustan, de son vrai nom William Baranès, né à Paris le 28 novembre 1965 et mort à Paris le 3 octobre 2005, est un écrivain et éditeur français, magistrat de profession.
Fils d'une architecte d'intérieur et d'un psychanalyste, Guillaume Dustan obtient les premiers prix de français et d'anglais au concours général. Élève au lycée Henri-IV, où il effectue sa khâgne, il refuse de passer le concours d'entrée de l’École normale supérieure[1]. Il suit alors le parcours classique Sciences Po-ENA (promotion 1991 Victor Hugo), avant de se lancer dans une carrière juridique. Juge administratif, il dirige, en 1994 et 1995, avec Marie-Anne Frison-Roche, La Justice. L'obligation impossible, pour la collection « Valeurs » des éditions Autrement ainsi que De l'injuste au juste, aux éditions Dalloz.
Il découvre sa séropositivité en 1989. Guillaume Dustan a alors une « double vie ». La journée, il est conseiller auprès d'un tribunal administratif et rédige des articles érudits pour les éditions Dalloz. En alternance, il découvre le monde de la nuit. Il expérimente la « drague » sur minitel rose, les backrooms et les rapports impersonnels avec des partenaires multiples. Il connaît ses premières expériences avec la drogue[1].
En 1994, à Paris, il rédige son premier roman, Dans ma chambre qu'il corrige sur épreuves à Tahiti où, entre-temps, il avait demandé son affectation en tant que magistrat. Dans ma chambre est publié aux éditions POL en 1996. Judith Perrignon, journaliste à Libération, écrit : « [Guillaume Dustan] laisse tomber la défroque de l'élite bourgeoise, troque ses prestigieux diplômes contre les tares d'une époque puritaine : il est pédé, séropositif, drogué et le fait savoir[1]. »
En 1997, il quitte Tahiti, se met en disponibilité de son administration et, revenu en métropole, il rédige un second récit, Je sors ce soir, publié chez le même éditeur en 1997. En 1998, toujours chez POL, il publie Plus fort que moi, dernier tome de ce qu'il considérait comme une trilogie « autopornographique ».
Il crée alors la collection « Le Rayon gay » aux Éditions Balland, dans laquelle il publie, en 1999, pour la première fois en France, Les Monologues du vagin. « Le Rayon gay » deviendra par la suite « Le Rayon ». Ce sera la première collection entièrement LGBT éditée en France.
Une cinquantaine de titres y seront publiés jusqu'à sa fermeture en 2003[2], dont trois titres de Guillaume Dustan : Nicolas Pages (1999), Génie Divin (2001) et LXiR ou Dédramatison La Vi Cotidièn (2002).
Il reçoit le prix de Flore, en 1999, pour son roman Nicolas Pages.
La médiatisation vient avec la polémique sur le bareback. Act Up s'oppose à lui parce qu’il prône les relations sexuelles non protégées entre adultes consentants (le barebacking). Il est, en 2001, attaqué par Act Up, et notamment Didier Lestrade, membre historique de cette association, sur ses positions à ce sujet.
Ses apparitions médiatiques sont souvent remarquées : Guillaume Dustan se présente sur les plateaux perruqué (notamment à deux reprises chez Thierry Ardisson, dans Tout le monde en parle[3]), militant pour une « cohabitation pacifiste de l'homme et de la femme au sein d'un même corps. »
Il fait quelques apparitions au cinéma[4]. En 2001, d'abord, dans le court-métrage Les Éléphants de la planète Mars, de Philippe Barassat, puis en 2003, dans Process, de C.S. Leigh.
En 2001, il intègre le jury de Prix Sade.
Entre 2000 et 2004, il réalise une vingtaine de vidéos expérimentales[5], non commercialisées, et dont la distribution (restreinte) s'organisera après son décès.
En 2003, il participe à la revue littéraire Bordel, dirigée par Frédéric Beigbeder et Stéphane Millon.
En 2004, il publie Dernier roman chez Flammarion. La même année la revue Écritures lui consacre un numéro dans lequel sont repris plusieurs textes inédits extraits d'un manuscrit lui aussi inédit, intitulé (...). L'année suivante, Flammarion édite son Premier essai.
Guillaume Dustan décède d'une intoxication médicamenteuse involontaire le 3 octobre 2005[6].
Il repose au cimetière du Montparnasse[7]. Comme épitaphe, sur sa tombe, on peut lire : « J'ai toujours été pour tout être. »
Programmation / intervenant(s) :
Avec Marie-Hélène Bourcier, Christophe Chemin, Béatrice Cussol, Pascal Ferrant, Madame H., Cécile Helleu, Laure Ly, Erik Rémès, Julien Thèves, Stéphane Trieulet, ainsi que (sous réserve) Eric Cajal, La Bourette, La Chose et Miss Sue.
Quand
À partir de 20h