Hors les murs
Josef Albers en Amérique
Peintures sur papier
20 juil. - 14 oct. 2012
L'événement est terminé
« J'arrive à faire danser le gris le plus triste, […] j'aime donner de la richesse à une couleur pauvre, la faire accéder à la beauté grâce aux couleurs qui l'entourent. » J. A. Le Centre Pompidou consacre une exposition à l'art de Josef Albers, à travers 80 oeuvres, dont la plupart annoncent le célèbre cycle « Hommages au carré » initié dans les années 1950. Entre esquisses préparatoires, compositions abouties, monochromes ou dégradés, l'exposition célèbre le triomphe de la couleur, dont Albers fut l'un des plus grands théoriciens au 20e siècle.
Introduction
L'exposition que consacre le Centre Pompidou à Josef Albers célèbre le triomphe de la couleur. En réunissant plus de 80 oeuvres, dont certaines rarement exposées, l'exposition retrace le parcours artistique préfigurant la série des 'Hommage au Carré'. Qu'il s'agisse d'esquisses préparatoires ou de compositions abouties, toutes soulignent le rôle majeur du théoricien de la couleur dans l'histoire de l'art moderne et contemporain. 'Une couleur n'est jamais vraiment perçue telle qu'elle est d'un point de vue physique. Cela a pour conséquence que la couleur est le médium le plus subjectif dans l'art.' Josef Albers.
Présentation de l'exposition,
par Jonas Storsve, conservateur du cabinet d'art graphique, musée national d'art moderne, commissaire de l'exposition
Au moment où, en Allemagne, le Bauhaus est dissous en 1933 sous la pression du régime nazi – le mouvement avait dû quitter Dessau pour Berlin en 1932 après la suppression des subventions municipales –, Josef Albers et son épouse Anni deviennent professeurs au Black Mountain College en Caroline du Nord aux États- Unis. L’idée d’engager le couple d’artistes allemands pour enseigner dans cette école expérimentale qui formera les plus éminents créateurs américains de la seconde moitié du 20e siècle, revient à l’architecte Philip Johnson. Il avait visité le Bauhaus de Dessau dès 1927 en compagnie du légendaire directeur du MoMA (Museum of Modern Art, New York) Alfred H. Barr au cours d’un voyage en Europe. En tant que membre de la société des amis du Bauhaus, Johnson était informé des problèmes et des pressions politiques que subissait l’institution d’avant-garde européenne. Dès que la nouvelle de la fermeture de la célèbre école atteignit les États-Unis, il mit tout en oeuvre pour permettre à Josef et Anni Albers de quitter l’Allemagne. Le 24 novembre 1933, ils débarquèrent du paquebot Europa à New York.
L’exposition consacrée par le Centre Pompidou à Josef Albers raconte une partie de cette histoire, autour de ses études peintes à l’huile sur papier. Ces esquisses précèdent les peintures sur toile réalisées par Albers pendant ses années américaines, dont les « Hommages au carré », que l’artiste entame en 1950 et qu’il poursuit jusqu’à son décès en 1976. Dans cette série, dont le Centre Pompidou conserve six peintures, Albers fait triompher la couleur seule. L’exposition présente quatre-vingts oeuvres. Certaines sont essentiellement des essais de couleurs, du monochrome au dégradé de couleurs sur des petits bouts de papier. D’autres sont des grandes compositions très abouties et proches de l’oeuvre définitive. Certaines portent des inscriptions qui éclairent le travail d’Albers, l’un des grands théoriciens de la couleur dans la seconde moitié du 20e siècle.
L’importance de Josef Albers dans l’histoire de l’art contemporain est majeure. Après les années au Black Mountain College, que le couple quitte en 1949, Josef Albers est nommé chef du département de design à l’Université de Yale dans le Connecticut : il aura parmi ses étudiants Eva Hesse ou encore Ad Reinhardt. Sans son enseignement et son travail, les grands minimalistes américains, Sol LeWitt, Donald Judd ou même Dan Flavin – qui lui rend hommage avec une oeuvre lumineuse l’année suivant sa mort – n’auraient pas su investir et travailler le territoire artistique de la couleur comme ils l’ont fait. Ce lien entre l’Europe et l’Amérique, entre deux générations d’artistes, se trouve brillamment illustré dans le nouvel accrochage du Musée d’art moderne de Vienne : en face d’un lumineux « Hommage au carré » d’Albers est accrochée une sculpture murale monochrome de Donald Judd, et la filiation saute aux yeux !
Quand
10h30 - 17h, tous les jours sauf lundis
Où
The Morgan Library & Museum, New York