Défilement

Le dispositif cinématographique repose sur une discontinuité essentielle de la surface d'inscription : le ruban filmique est divisé en photogrammes dont la projection intermittente, à une cadence déterminée (usuellement, 24 i / s.), produit une illusion de continuité. Le cinéma expérimental a montré comment la division régulière du ruban filmique et la répétition sérielle des photogrammes permettent de mettre en mouvement ou de dynamiser les surfaces : l'image n'est plus pensée dans sa dimension statique à partir des catégories de l'unité et de l'immobilité, mais dans sa dimension dynamique, à partir du mouvement et de la multiplicité. Simultanément, le dispositif du défilement inscrit les formes dans la durée et les ouvre à la dimension du temps.

Gnir rednow de Joseph Cornell

1955 / 6'30 /16 mm/ coul. / silenc.

"Gnir Rednow" est le palindrome de "Wonder Ring", un film sur le métro aérien de la 3e Avenue à New York, que Stan Brakhage a tourné durant l'été 1955. Cornell a inversé le film gauche /droite et l'a tiré à l'envers.

Castro street de Bruce Baillie

1966 / 10' /16 mm/ coul. / son.

"Castro Street" est le plus long et le plus complexe de la série de films, d'ordinaire très courts, réalisés par Bruce Baillie entre 1966 et 1968 (Style life, All my life). Il s'agit d'un long travelling sur Castro Street.

Intermittences non régulées de E.-J. Marey de Jean-Michel Bouhours

1978 / 14' / 16 mm / nb / silenc.

Ce film est la transposition cinématographique d'une trentaine de séquences chronophotographiques tournées par Marey entre 1888 et 1902.

Anémic cinéma de Marcel Duchamp

1925 / 7' / 35 mm / nb / silenc.

«Anémic cinéma est constitué par l'alternance stricte de dix "disques optiques" (images de cercles et de disques excentriques qui tournent sur eux-mêmes) et de phrases inscrites en spirale-jeux de mots, homophonies, contrepèteries, etc.» Patrick de Haas

Hand catching lead de Richard Serra

1968 / 3' / 16 mm / nb / silenc.

La main de Richard Serra tente d'attraper au vol un morceau de plomb jeté dans l'image par un opérateur (Philip Glass) qui reste hors-champ. L'ouverture et la fermeture de la main scandant la chute verticale des feuilles de plomb apparaissent comme un mime du défilement intermittent.

Ligne continue de Peter Stämpfli

1974 / 8' /16 mm / coul. / son.

«J'ai commencé à penser à ce film au début de mon travail sur les traces en prenant chaque matin le périphérique pour aller dans mon atelier en banlieue. Je vivais inconsciemment cette aventure des lignes qui se dessinaient sous ma voiture, plus ou moins vite, qui marquaient un arrêt. » P. S.

Field de Ernie Gehr

1970 / 7' / 16 mm / nb / silenc.

«Sur l'écran défile une rangée de lignes obliques en noir et blanc sans profondeur. La vitesse et l'absence de contraste sont telles qu'il est difficile de déterminer si le mouvement va du coin gauche en haut du cadre ou du coin opposé, depuis le bas. Le déferlement des lignes et les ombres linéaires suggère des chutes d'eau, des montagnes et des forêts de pins.» P. A. Sitney

Berlin horse de Malcom LeGrice

1970 / 8' / 16 mm / coul. / son. musique originale Brian Eno

« La réalisation de Berlin Horse est un bon exemple du processus technique qui permet de manipuler le film en disposant de la même plasticité que celle dont un peintre dispose. C'est un film fauviste et à l'époque, je défendais même que le cinéma avait besoin de réinterpréter les démarches de la peinture moderne avant de pouvoir avancer : j'ai soutenu que le cinéma était un médium artistiquement attardé». Malcolm LeGrice

Walking in an exaggerated manner around the perimeter of a square de Bruce Nauman

1967-1968 / 10'40 /16 mm / nb / silenc.

Bruce Nauman a tourné ce film dans son atelier à New York comme une référence au travail chorégraphique de Meredith Monk et Merce Cunningham.

Arnulf Rainer de Peter Kubelka

1958-1960 / 6'30 / 35 mm / nb / son.

À partir d'une amorce transparente et noire et d'une bande-son saturée ou vide, Peter Kubelka construit un film métrique, calculé image par image, dans lequel le clignotement des images réduit l'expérience filmique à une pure impulsion lumineuse et rythmique.

Allures de Jordan Belson

1963 / 8' / 16 mm / coul. / son.

Jordan Belson, qui a développé l'essentiel de son oeuvre dans la Californie des années 1960-70, conçoit son cinéma comme une expérience simultanément cosmique et méditative.