Cinéma / Vidéo
Fayoum - Matisse
Peindre sur et avec n'importe quoi
02 déc. 2007
L'événement est terminé
Le dernier regard "L'Européenne" Portrait de jeune femme, peinture dite " du Fayoum " Règne d'Hadrien, vers 117-138 avant JC, Fouilles d'Antinoé, moyenne Egypte, Musée du Louvre, Paris - Matisse : A vif dans la couleur " La Tristesse du roi " (1952), Musée national d'art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris
Le dernier regard L'Européenne
Portrait de jeune femme, peinture dite " du Fayoum "
Règne d'Hadrien, vers 117-138 avant JC, Fouilles d'Antinoé, moyenne Egypte
Musée du Louvre, Paris
Environ 750 portraits funéraires des premiers siècles de notre ère ont été préservés par les sables secs de l'Egypte et surtout dans la région du Fayoum d'où leur surnom. Ces portraits d'hommes et de femmes de l'Egypte gréco-romaine étaient accrochés aux momies embaumées. Ils sont d'autant plus exceptionnels qu'ils apportent le seul témoignage sur les techniques picturales antiques, tout le reste de la peinture non murale de la Grèce ou de Rome ayant pratiquement disparu.
Il s'agit d'une peinture à l'encaustique sur bois ou parfois effectué directement à la détrempe sur le linceul. Ces portraits présentent des traits stylistiques étonnants qui en font à la fois les ancêtres des icônes et les premières étapes d'un style de portrait naturaliste qui réapparaîtra à plusieurs reprises dans l'histoire de l'art. Certains sont d'un brillant réalisme, d'autres plus simples, schématiques, presque "cubistes". D'autres encore sont traités dans un style naïf, plus populaire.
Toutes les techniques qui, plus tard, à la Renaissance, seront trouvées (ou retrouvées) pour rendre le portrait vivant sont déjà là : ombrages, modelés, reflets des yeux ou des lèvres, expressions du caractère ou des émotions. Le portrait surnommé l'Européenne est l'un des plus beaux. Il a été étudié au Laboratoire de recherche des musées de France puis nettoyé au Service de restauration des musées de France aux Petites Écuries à Versailles avant d'être mis en place dans les nouvelles salles consacrées à l'Egypte romaine au musée du Louvre. C'était l'occasion de se plonger, selon les méthodes habituelles de la série Palettes, dans les énigmes soulevées par ce modeste mais splendide tableau de bois : qui était l'Européenne ? Pourquoi ce portrait ? Comment est-il peint ? Avec quelles couleurs ? Que découvre-t-on sous les couches de pigment ? Que signifie ce voile d'or qui couvre une partie de la surface ? A quoi pouvait donc bien servir un tel "portrait de momie" ?
Matisse
A vif dans la couleur
La Tristesse du roi (1952)
Musée national d'art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris
Composé à Nice, à l'hôtel Régina où le peintre est installé depuis 1949, La Tristesse du roi, tableau de près de 4 mètres sur 3, est une des dernières grandes œuvres de Matisse. Le tableau a été réalisé selon la technique des papiers découpés : le peintre, immobilisé par la maladie, découpe les formes sur des feuilles auparavant gouachées. Il dirige une assistante qui les épingle et les déplace sur le mur jusqu'à trouver l'équilibre souhaité. Les ciseaux, maniés avec dextérité, remplacent donc désormais crayons et pinceaux. Les tons purs utilisés pour la composition éliminent tout modelé et permettent au peintre de ne jouer que sur les rapports entre les couleurs et surtout sur les contrastes : blanc-noir considérées par Matisse comme des couleurs à part entière, rouge-vert, bleu-jaune, etc.
Le titre quelque peu énigmatique a de quoi surprendre chez le peintre de la joie de vivre, du bonheur et de la volupté. Peut-être fait-il référence à un épisode biblique, déjà illustré par Rembrandt, ou bien à un poème de Baudelaire, La Vie antérieure. Mais c'est aussi une sorte d'autoportrait : le vieil homme se peint en musicien, au milieu de ce qui a toujours été l'essentiel de sa vie et de sa peinture: la danse, la musique, les fleurs, les couleurs. Et le tableau, qui renvoie par ses formes et par ses teintes à bien des œuvres peintes des dizaines d'années auparavant, est aussi en résonance avec tous les autres papiers gouachés et découpés dont Matisse couvre ses murs en ces années-là. Les formes découpées, exubérantes, évolutives dont Matisse s'entoure ont été fixées par les nombreuses photographies faites à cette époque. Les films méconnus ou récemment retrouvés permettent aussi de découvrir les gestes du peintre ou de ses assistantes. Une fois de plus, selon le principe de la série Palettes, les outils vidéographiques montrent la genèse des formes, des couleurs et des images, animent tableaux et dessins, racontent en images l'histoire d'un tableau qui, à lui seul, peut résumer une des aventures plastiques les plus étonnantes de ce siècle.
Quand
16h30 - 17h30