La "Résistance" de Bollywood ?

Question de Cinéma

Le cinéma indien existe depuis le début du vingtième siècle. Sa longue histoire appartient à l'histoire de la nation, tout particulièrement depuis la proclamation de l'indépendance en 1947. La cinématographie de Bollywood y occupe une place privilégiée. Le cinéma populaire demeure le médium le plus important.

On sait la puissance de la production, l'extraordinaire adhésion du public, la participation fervente des spectateurs, l'importance du cinéma itinérant ; on sait les thèmes sociaux et moraux, les motifs récurrents, la place de la musique et des scènes dansées. A sa façon, Bollywood donne de l'Inde une image fédératrice, même si on voit pourtant pointer le risque que cette image ne se fige, ne devienne un stéréotype, reproduit à satiété. Pour autant, partagé entre tradition et modernité, le cinéma populaire ne cesse d'affirmer sa vitalité. Or Bollywood ne propose pas une interprétation de la réalité, mais une image stylisée, sublimée du réel. Si Bollywood séduit autant et résiste à tout, c'est justement parce qu'il revendique la seule fiction, l'artifice, qu'il est un cinéma sur-codé et qu'en même temps il témoigne de la persistance d'une culture populaire, qu'il exprime à sa manière la complexité des rapports sociaux, entre vie citadine et vie rurale. Alors, le cinéma de Bollywood serait-il le reflet d'une aspiration imaginaire des classes moyennes indiennes, balançant entre conservatisme et modernité ?

Et puis on sait aussi la vie des stars, l'adulation, le box-office, la politique, leurs rangs de quasi divinités, leurs destins parfois tragiques. L'Inde est-elle le seul pays aujourd'hui à permettre ou à oser cette énigme sociale ?

On sait également la toute puissance de la musique ; on sait que les acteurs sont doublés dans les scènes musicales. Bien loin des procédés et de l'esprit de la comédie musicale à l'américaine, seul Bollywood a mis en scène l'actrice invisible, la voix, et a établi la souveraineté du chant. Qu'il suffise de citer Lata Mangeshkar, la voix du cinéma hindi. On sait enfin la séparation entre cinéma populaire et cinéma dit "sérieux" ou "d'auteur". Satyajit Ray ou

Mrinal Sen contre Bollywood ? Mais cette opposition est-elle fondée, du moins en ces termes ?

Présentation du clip "Où sont les femmes" tourné à Bollywood par Les Wampas.