Cinéma "09" et Jean-André Fieschi

Pour marquer la parution du numéro, nous souhaitons présenter des morceaux du monumental Jeu des voyages.

En présence de Jean-André Fieschi et des rédacteurs de la revue.

Le jeu des voyages

Jean-André Fieschi / France / 1987-2005 / 240' (extraits) / coul.

« Le Jeu des voyages de Jean-André Fieschi paraît faire bouger et confirmer ensemble une idée du cinéma - rappeler au cinéma ce qu'il est. De l'accumulation de matériaux tournés au fil des ans quelque chose prend forme. C'est là que le film s'est trouvé ; c'est dans la décision que cette quantité d'enregistrements appelait le montage qu'il est devenu film, et non plus journal filmé, intégrant les trous laissés par les tournages ou les non tournages. Les formes du Jeu des voyages sont parfois allusives, souvent lacunaires : béances narratives, incertitudes, changements de rythme. Elles ne le sont pas par défaut, mais constitutivement. Un contrat a été passé : pas un arrêt à l'image, pas un son ajouté, la chronologie des tournages strictement respectée, un rapport du monté au tourné de un pour trois ou quatre. On ne saura jamais à l'avance la durée d'un plan, ni ce qui va suivre, on sera déséquilibré ou comblé. C'est bien un jeu, où l'on peut tirer la carte « Niger » et se retrouver en pirogue sur ce fleuve en crue nappé d'algues de jade, la carte « Cuny » et suivre le comédien au Savon noir, la ferme de Civry-la-Forêt où Anne de Craon et sa fille Violaine vécurent le temps que l'Annonce faite à Marie de Claudel prenne chair et image de cinéma. C'est un jeu, mais c'est d'abord un film de vingt heures et un peu plus, qui se présente pour l'instant sous la forme de vingt-quatre cassettes.

C'est aussi un journal, « règle du jeu » comme celui que tint au long de sa vie Michel Leiris, et c'est un roman-feuilleton ou plutôt, avec ses renvois d'un tome à l'autre, une autre Comédie humaine. Celle des dernières années du vingtième siècle, telle qu'elle se joua pour et autour d'un homme, Jean-André Fieschi. Douze ans, 1987-1999, de travail, de voyages, de farniente, de trous noirs, d'amour et d'amitiés. »

Bernard Eisenschitz et Emile Breton, Cinéma 09

Cinéma, revue d'histoire et d'esthétique, consacre entre autres sa nouvelle livraison, Cinéma 09, aux soucoupes volantes, à Eric Rohmer inconnu (avec l'édition de trois films en dvd), au Jeu des voyages de Jean-André Fieschi, à la programmation comme écriture de l'histoire du cinéma, à Espoir d'André Malraux.