Hors les murs
Pierre Alechinsky : Retour au Pays de l’encre
Centre Pompidou-Málaga
12 déc. 2019 - 5 avril 2020
L'événement est terminé
C’est au travers de près de soixante-dix œuvres sur papier sélectionnées dans les collections du Centre Pompidou que l’exposition « Pierre Alechinsky : Retour au pays de l’encre » propose de retracer cinquante ans de la carrière de l’artiste. Constitué grâce à la générosité de ce dernier par une suite de donations majeures, l’ensemble exceptionnel de dessins conservé au Cabinet d’art graphique a déjà fait l’objet d’importantes expositions organisées par le Centre Pompidou (1978, 1998 et 2004). Cette année, le Centre Pompidou Málaga présente pour la première fois hors de France un panorama riche et complet de dessins de ce fonds.
Né à Bruxelles en 1927, Pierre Alechinsky développe depuis la fin des années 1940 un travail libre et personnel, marqué par sa participation au mouvement Cobra, son installation à Paris en 1951 et les constants échanges et collaborations avec ses contemporains. Expressions sensibles du réel, ses œuvres mêlent humour et poésie au fil d’une expérimentation de supports inattendus et de techniques hétéroclites. L’artiste éprouve la monumentalité de la peinture à l’huile, dessine sur porcelaine, mais c’est surtout le papier qui le fascine et qu’il maîtrise dans toute sa diversité : estampe, estampage, lavis, sanguine, livre ou affiche. Il développe en particulier une pratique de la gouache et de l’encre de Chine, avant de découvrir l’acrylique en 1965. Techniques à l’application plus rapide et plus souple que l’huile, elles incarnent une certaine nécessité de se désengluer des traditions artistiques occidentales. « Pas ce lourd matériel de peintre à traîner derrière soi. Une plume, un papier, un peu d’encre, de l’eau. Écrire, décrire ». Chez Alechinsky, ces médiums permettent la spontanéité du trait et convoquent un mouvement fluide, propre à la calligraphie orientale dont il adopte dès le milieu des années 1950 la peinture gestuelle. Paysages oniriques, êtres grotesques et espiègles, figures chimériques et fantastiques prolifèrent dans ses dessins. Au gré d’une touche animée et organique, ils traduisent un certain état indicible de l’être, bestiaire d’un monde visionnaire.
À partir des années 1960, Alechinsky réalise des œuvres sur des manuscrits, papiers anciens ou précieux et documents divers. Les figures s’enroulent autour des lettres, se superposent aux vues aériennes, transforment les illustrations botaniques en personnages hybrides. « Leurs formes ont donné forme à mes formes » affirme l’artiste, accueillant à la manière des surréalistes l’inattendu, le hasard et les jeux sémantiques dans son travail.
Composés comme des récits, ses dessins sont souvent divisés en différents espaces. Cases à la manière de bandes dessinées, cadres, prédelles ou marges illustrées scandent le regard au rythme de structures narratives. La rencontre de plusieurs images au cœur d’une même œuvre déplace, décale le sens et compose un faisceau d’interprétations. Évoquant les enluminures médiévales et leurs drôleries et rinceaux, les marges d’Alechinsky semblent parfois prêtes à céder sous la poussée d’un perpétuel débordement.
Créateur d’un métalangage graphique et sémiotique, Alechinsky avance en cordée avec la pratique de l’écriture, collabore avec artistes, poètes et auteurs, illustre leurs ouvrages (Butor, Cendrars, Cioran, Éluard, Michaux…), peint à quatre mains, dessine à deux ou trois pinceaux (avec Karel Appel ou Walasse Ting), élabore des « dessins-mots » avec Christian Dotremont. « Dessiner, c’est s’interroger » écrit Alechinsky, qui compose ses œuvres à la manière de gloses, d’énigmes, de jeux nés dans le plaisir et la fulgurance du dessin.
Quand
9h30 - 20h, tous les jours sauf mardis
Où
Centre Pompidou Málaga, Málaga