Exposition / Musée
Deborah Turbeville
25 juin - 22 sept. 1986
L'événement est terminé
Cette exposition est consacrée à Deborah Turbeville, dont les photographies, qui en font une lointaine héritière du surréalisme et une continuatrice de Guy Bourdin, ont bouleversé la représentation de la mode des années soixante-dix.
Aux images flatteuses d’un univers impeccable, Deborah Turbeville a substitué l’évocation – plus que la description – de lieux indéfinissables, à l’atmosphère pesante où la mode est devenue « accessoire », au sens étymologique du terme. Le vêtement n’est plus le symbole d’un statut social, mais un élément parmi d’autres.
Le véritable sujet de ces photographies, ce sont des groupes, rassemblement de hasard d’êtres que Deborah Turbeville perçoit comme « plutôt excentriques ». Mal à l’aise dans un cadre mal défini, « plongés dans l’attente anxieuse de quelqu’un, ils sont conscients d’être hors du temps ». […] Elles sont là, rarement seules, à deux ou à trois, languides, calmes, elles attendent. Le moindre objet, livre ouvert, chaussure délacée, lys blanc, tout leur a glissé des mains. Or tout a été prévu par Deborah, pensé, organisé, pour les retirer du monde et du brouhaha, et les mener dans un lieu rempli de nostalgie […], des lieux un peu inquiétants […]. Sa lumière les magnifie, les caresse avec amour et les révèle. Au dehors, le monde peut hurler, peut flamber, peut sauter. Ici, chaque modèle palpite comme en sourdine, dans une transposition poétique au millimètre près. Et sur les visages flotte une virginale et délicate lueur qui renouvelle complètement ce qu’on appelle communément la « photo de mode ». […] C’est tout un art de la mise en scène à l’envers, une mise en scène défaite […].
Car c’est le temps qui est au centre de ces images. Deborah Turbeville « suggère avec élégance la pesante épaisseur du temps qui altère, dégrade et dénature jusqu’à la matière de l’œuvre ». La nature même des épreuves photographiques accentue cette impression, souvent superposées, comme passées par le temps, déchirées, pliées, agrafées, épinglées, elles portent toutes les stigmates physiques « de la fragilité de la matière et de la fuite du temps ».
D’après Françoise Mohrt, CNAC magazine, n°34, 15 juillet-15 septembre 1986, et le communiqué de presse
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tous les jours sauf mardis