Exposition / Musée
Pontus Hulten
Un esprit libre
23 juin - 27 sept. 2004
L'événement est terminé
Le Musée national d'art moderne au Centre Georges Pompidou fête le 80e anniversaire de Pontus Hulten qui en fut le directeur de 1973 à 1981. Ses huit années au Musée sont considérées comme un âge d'or pour le Centre, servant de référence à tous ceux qui l'ont dirigé après lui. C'est aussi, grâce à ce succès, que Pontus Hulten fut partout consulté et appelé à diriger d'autres institutions.
Le Musée national d'art moderne au Centre Georges Pompidou fête le 80e anniversaire de Pontus Hulten qui en fut le directeur de 1973 à 1981. On doit à ce conservateur atypique une grande partie de la singularité et de l'immense succès du Centre Pompidou auprès du public. Connu dans son pays, la Suède, pour son travail de précurseur au Moderna Museet de Stockholm (1957-72), Pontus Hulten fut nommé par Robert Bordaz en 1973 à la tête du Musée national d'art moderne pour participer à la création du Centre Pompidou, un grand centre de culture moderne, pour la première fois sans cloisonnements entre l'art, la littérature, la science et la vie. L'action de Pontus Hulten fut exemplaire. Ses idées fortes sur l'organisation du Musée et notamment l'enrichissement de ses collections, sa conception novatrice de grandes expositions auxquelles tous les départements du Centre furent associés, son souci d'accueillir largement le public, ont fait du Centre Pompidou un lieu unique, rayonnant tant en France qu'à l'étranger.
Ses huit années au Musée sont considérées comme un âge d'or pour le Centre, servant de référence à tous ceux qui l'ont dirigé après lui. C'est aussi, grâce à ce succès, que Pontus Hulten fut partout consulté et appelé à diriger d'autres institutions : le Museum of Contemporary Art à Los Angeles (1981), le Palazzo Grassi à Venise (1985), la Kunst-und Ausstellungshalle der BDR à Bonn (1990), le Museum Jean Tinguely à Bâle (1994). Il présida également l'Institut des hautes études en arts plastiques de 1988 à 1995.
À l'écoute de la création
Karl, Gunnar, Pontus, Vougt Hulten est né le 21 juin 1924 en Suède. Historien d'art et philosophe, il a fait sa thèse sur Vermeer et Spinoza. Il commence sa carrière d'homme de musée à l'Académie des beaux-arts au Nationalmuseum à Stockholm. Dans les années 50, il se distingue par quelques expositions qui montrent son goût pour un art de rupture et ouvert sur le monde : "Le Mouvement" à la galerie Denise René à Paris, "Jean Tinguely" et "Henri Matisse" à Stockholm. Il devient, en 1959, directeur du nouveau Moderna Museet, musée pilote tourné vers la nouvelle création.
Pontus Hulten présente au public suédois tout à la fois les artistes américains abstraits, le pop art, l'avant-garde russe et le surréalisme. Il organise nombre d'expositions expérimentales où toutes les formes d'art sont représentées. Dans "Le Musée de vos désirs", il fait participer le public au choix de la collection. Dans "Sculptures pour aveugles et non aveugles", on visite les œuvres dans le noir et le catalogue est imprimé en braille. Dans "American Pop-Art : 107 formes d'amour et de désespoir" (1964 ), le Merce Cunningham Ballet danse au milieu des sculptures, John Cage en grande tenue joue un concert pour piano devant un tableau de Sam Francis tandis que Robert Rauschenberg inaugure une série de happenings.
Mais il semble que c'est au Centre Pompidou que Pontus Hulten donne toute sa mesure. Aussi, la marque qu'il a imprimée dans l'organisation du Musée, pensée par lui jusqu'au moindre détail, continue à s'inscrire. Comme à ses débuts, à tous les étages, le Musée se confronte aujourd'hui à différentes disciplines, design, architecture, revues parlées, ateliers pour enfants.
Un musée ouvert
Pontus Hulten, marqué par l'exemple structuré du Bauhaus comme par l'esprit libre de Dada, a imaginé un musée ouvert sur le monde et sans cloisonnement, "un véritable instrument critique" doué de sens. Il l'a défini comme une "base permettant des contacts directs entre l'artiste, le public et la société, (...) un lieu par excellence de communication, de rencontre et de diffusion (...)."
Convaincu que la collection est la colonne vertébrale du Musée, Pontus Hulten contribua de manière exemplaire à son enrichissement. Il a fait de nombreuses acquisitions d'œuvres modernes et contemporaines et a mis en œuvre une ambitieuse politique de donations. Le Musée lui-même cessait d'être un temple de la Culture pour devenir un espace privilégié de connaissance et de participation. Pontus Hulten eut recours à une série de nouveautés. Le Centre était désormais ouvert jusqu'à 22 heures pour faciliter les visites de ceux qui travaillent. Le gardien de musée dans son rôle traditionnel devint un agent d'accueil sans uniforme qui fournissait des informations au visiteur tout en veillant à la sécurité des œuvres. Parallèlement, la pédagogie fut développée notamment par l'Atelier des enfants devenu un lieu de référence.
L'accrochage des œuvres fit l'objet de nombreux efforts : inscrit dans un musée sans murs, avec de nombreuses baies transparentes, il assure une meilleure confrontation du public et des œuvres. Qualifiée d'utopique par ses opposants, cette conception généreuse appartenait bien à l'époque et aux débats esthétiques nés de l'esprit de 1968.
Ce modèle de musée fut accepté par le public. Dès son ouverture, contre toute attente, la fréquentation fut très importante. La structure transparente du bâtiment rendait l'art plus proche, près des activités de la ville, comme offert au passant.
Les expositions
De riches confrontations, avec la série des "Paris-New York", "Paris-Berlin", "Paris-Moscou", furent, pour la première fois, développées. Ces grandes expositions pluridisciplinaires furent élaborées avec des spécialistes venant de tous les horizons. Leurs catalogues, d'une grande richesse, sont devenus des objets de collection. Un autre événement, comme l'exposition "Marcel Duchamp", à l'ouverture du Centre, constitue une brillante exploration du paysage artistique. Pontus Hulten poursuivit ce travail après qu'il eût quitté le Musée pour de prestigieuses institutions en Europe, comme le Palazzo Grassi à Venise, avec l'exposition "Art italien", le Musée russe de Leningrad, avec "Le territoire de l'art".
Un choix d'artistes
L'accrochage de quelques œuvres proposé ici est conçu au cœur du Musée en résonance avec ses choix et son parcours en tant que directeur du Musée et commissaire d'expositions.
Jean Tinguely avec Requiem pour une feuille morte, dépôt de la collection d'art moderne Renault, Boulogne-Billancourt, montrant avec force et délicatesse un art en mouvement.
Niki de Saint Phalle avec La Mariée, 1963, dont le sexe béant a servi de porte d'entrée à la gigantesque "Nana" que Pontus Hulten a exposée en Suède en 1966, à la fois baudruche pathétique et mater dolorosa qui porte comme des stigmates les atours de sa féminité.
Martial Raysse avec America America, 1964. Réalisée peu après le retour de l'artiste de New York, cette œuvre est de plain-pied dans un monde neuf et aseptisé avec les découvertes technologiques que l'artiste vient de découvrir. C'est une œuvre en mouvement qui a une fonction de signal comme les enseignes lumineuses des villes modernes.
Claes Oldenburg avec Ghost Drum Set, 1972, version réduite d'une sculpture monumentale réalisée en 1966, don de la Menil Foundation, en mémoire de Jean de Menil, 1975. Cette structure molle est, selon son créateur, le "paysage d'un corps, une sorte de panorama brueghelien". C'est aussi la cristallisation d'un souvenir : celui du tambour que fit résonner le jeune Oldenburg.
Thira, 1979, grande fresque de Brice Marden, don de la Georges Pompidou Art and Culture Foundation, en l'honneur de Pontus Hulten, 1983, esquisse d'un impressionnant vocabulaire abstrait.
I Like Olympia in Black Face, 1970, de Larry Rivers, don de la Menil Foundation, en mémoire de Jean de Menil, 1976. Artiste pop, Rivers applique, à sa façon, le style accrocheur des affiches à l'Olympia de Manet, jouant avec l'inversion du noir et du blanc. En regardant cette œuvre, on ne peut s'empêcher de citer Pontus Hulten : "Les musées sont pour moi des lieux où les œuvres du passé devenues mythiques, dorment, vivent d'une vie historique, en attendant que les artistes les rappellent à une existence réelle".
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis