Cinéma / Vidéo
"A pas lentes" du collectif Cinélutte, 1979 (40 mn)
"Classe de lutte" Réal. Groupe Medvekine de Besançon, 1969 (37 mn)
12 mai 2008
L'événement est terminé
À dix ans d'intervalle, ces deux films dits « militants » posent la question cruciale de l'émergence du sujet dans la lutte sociale. Tel serait aussi l'héritage de 68 : qu'il ne s'agit plus de lutter au nom des autres, classe, groupe, syndicat, mais de reprendre le fil de la lutte sociale en son nom propre, depuis sa position subjective, en sachant ce qu'il en coûte et ce que l'on y gagne
Classe de lutte, Réal. Groupe Medvedkine de Besançon, 1969, 37 mn
À pas lentes, Réal. collectif Cinélutte, 1979, 40 min
À dix ans d'intervalle, ces deux films dits « militants » posent la question cruciale de l'émergence du sujet dans la lutte sociale. Tel serait aussi l'héritage de 68 : qu'il ne s'agit plus de lutter au nom des autres, classe, groupe, syndicat, mais de reprendre le fil de la lutte sociale en son nom propre, depuis sa position subjective, en sachant ce qu'il en coûte et ce que l'on y gagne. Quoi ? Une parole vraie, hors de tous les langages convenus. Un courage qui n'est plus breveté. Une sortie des routines qui est une autre manière de leur redonner la vie qui s'était retirée d'elles à force d'obéissance. Suzanne n'obéit plus qu'à ses convictions, plus puissantes que les ordres qui l'encadrent. Renée, Camille sont aussi en rupture de règles.
L'amour, la vie amoureuse, la vie familiale sont des lieux de la mobilisation sociale. Comment le cinéma dit « documentaire » s'y prend-il pour déjouer les cadres ? Pour faire émerger la parole vivante d'un sujet (trois femmes, en l'occurrence, et ce n'est pas pour rien) ? Pour entraîner les militantes vers une affirmation d'elles-mêmes qui apparaît aujourd'hui comme le geste révolutionnaire majeur ? Eh bien, il fait en sorte que les personnes filmées agissent vraiment dans les films, sans réciter aucune leçon, sans répéter aucun geste de ceux qui sont admis, sans se référer à une autorité qui les contraindrait, et pas non plus celle du cinéma qui cadre et qui attend. Un jour, peut-être, il sera devenu évident que le surgissement d'une parole libre est un événement politique majeur. Que la forme de la parole est facteur de sens. Qu'il y a des paroles toujours-déjà calibrées et d'autre qui ne le seront jamais. C'est la réalisation d'une utopie essentielle, celle de la sortie des codes, celle que le cinéma peut susciter et qu'il sait accueillir dans un monde où rien ne s'y prête vraiment. Écouter, entendre, parler, rêver, agir, c'est au cinéma une seule et même chose, qui confronte le spectateur à l'usage rare d'une liberté.
Quand
À partir de 19h30