Débat / Rencontre
Eclairages du XXI° siècle
L'éphémère - Les Cahiers de médiologie à la Bpi
26 sept. 2003
L'événement est terminé
L'éphémère - ce qui, étymologiquement, dure un jour - s'inscrit dans les mémoires plus fermement qu'il n'y paraît, telle une photographie transformant l'instant capturé en souvenir. Sur les pas de Chris Marker, dans Sans soleil, qui affirme que « l'oubli n'est pas le contraire de la mémoire, mais son envers », postulons que l'éphémère n'est pas le contraire de la transmission, mais son envers. Son indispensable compagnon.
L'éphémère - ce qui, étymologiquement, dure un jour - s'inscrit dans les mémoires plus fermement qu'il n'y paraît, telle une photographie transformant l'instant capturé en souvenir. Sur les pas de Chris Marker, dans Sans soleil, qui affirme que « l'oubli n'est pas le contraire de la mémoire, mais son envers », postulons que l'éphémère n'est pas le contraire de la transmission, mais son envers. Son indispensable compagnon.
Pensons-le selon la métaphore de l'amour, fulgurant mais éternel, à la frontière du fugitif et du durable, de l'inexistant et du plein. Quand l'éphémère se couple à l'intensité d'un instant, il s'extrait du temps et, paradoxalement, s'inscrit dans l'éternité : par sa puissance d'évocation, il transmet une émotion jusqu'à susciter un manque, persistant. La mort, comme l'art, deux fractures temporelles qui sont à l'origine des valeurs les plus immuables, la religion, la mythologie, le beau. Comment écarter le bref de la durée ?
Ainsi l'éphémère laisse des traces, ne serait-ce que celles de sa disparition, qui stimulent l'espoir d'une réapparition. Traces symboliques, d'une part, dans ce hors-temps d'intensité, peut-être plus stimulant que la courbe répétitive du quotidien. Traces matérielles, d'autre part, dans l'effort de nos sociétés pour archiver et immortaliser. Éphémère, un joli mot, aérien, qui sonne comme insouciance, absence, moins. Voire ! Faut-il rappeler les réalités : trop plein des déchets, accumulation des papiers, inflation des archives, gonflement des traces. L'éphémère est lourd.
Telle une comète, il n'est instantané que dans son irruption. N'oublions pas la traînée de matière derrière son passage et la pincée d'espoir dans les esprits - le rêve d'un retour.
Karine Kouplistzky.
Avec Alexandre Adler (journaliste), Anne-Marie Clais, Régis Debray, Karine Douplitzky (cinéaste), Françoise Gaudet (conservateur en chef des bibliothèques, Bpi), Louise Merzeau (photographe, maître de conférences en sciences de l'information, co-rédactrice en chef des Cahiers de médiologie).
Cette rencontre sera animée par Pierre-Marc de Biasi, plasticien et chercheur ITEM-CNRS, membre du comité de rédaction.
Quand
À partir de 19h