Exposition / Musée
Archigram
29 juin - 5 sept. 1994
L'événement est terminé
Cette exposition est consacrée au groupe d’architectes anglais Archigram qui, dans les années 60, invente l’architecture de l’ère de la consommation.
L’exposition présente la totalité des projets conçus par le groupe depuis son origine, plus de 300 dessins et maquettes, un environnement audiovisuel multimédia, des reconstitutions d’expositions antérieures : Living City, Harrods, Woodlands. Elle a été conçue par les architectes eux-mêmes.
Archigram fut d’abord un prospectus initié dans l’enthousiasme par des étudiants contestataires, l’aérogramme, l’architectural. […] Le fanzine, circule et fait brûler le torchon dans la maison architecturale anglaise ; les autorités sont maltraitées par ces apprentis, pas ou à peine diplômés, qui n’entendent pas seulement réformer l’architecture mais la reformuler, lui redonner une chair et cinq sens, de quoi faire qu’à défaut d’aimer les villes, on puisse s’aimer un peu plus dans les villes. […] Huit numéros sortiront de 1961 à 1968 : après « Flux et mouvement », « Extension et changement », « Le Jetable », le numéro 4 (1964) , « Zoom ! Amazing Archigram », se présente comme une BD, « bulles » avec onomatopées en guise de commentaire architectural, référence « science-fiction », emprunts pop, collage sans recherche de synthèse d’objets quotidiens, issus de catalogues de vente. La revue montre également l’importante connaissance de l’histoire de l’architecture que possède le groupe. […]
Warren Chalk, Peter Cook, Dennis Crompton, David Greene, Ron Herron, Mike Webb inventent l’architecture de l’ère de la consommation. Leurs projets intègrent – tels quels – ses produits de supermarché et leur esthétique populaire, le Rock’n’roll et les Beatles, la publicité et ses couleurs criardes, la science-fiction, les débuts de l’informatique et le développement des télécommunications, les voyages dans l’espace et les premiers pas sur la lune. Pour la première fois peut-être depuis la révolution industrielle, l’architecture communique en temps réel avec l’imaginaire joyeux et les goûts de son époque. […]
Pour Archigram, l’architecture n’est plus liée à un travail sur la forme ou les matériaux, mais à des usages, des faits, des événements – events – mot fétiche que reprendront les élèves d’Archigram à Architectural Association. Elle emprunte la mobilité et les techniques des capsules spatiales autant que celles de l’automobile, s’empare des architectures industrielles que sont les plates-formes off-shore, les grands ports de marchandises et leurs grues qui déplaceront bientôt dans les dessins d’Archigram les éléments d’habitation selon les désirs des habitants, les hangars de Cap Canaveral, les raffineries que le public reconnaîtra dès son ouverture dans le tout nouveau Centre Georges Pompidou. […]
Hologrammes, écrans et téléviseurs sont les nouvelles briques de l’architecture : l’information, les mots et les images, projetés sur des écrans suspendus, des ballons dirigeables ou des zeppelins constituent les fondements mêmes de cette non-architecture, nous dirions plutôt de cette architecture virtuelle. […]
Les villes sont en mouvement, l’habitat-un objet de consommation éphémère semblable aux produits électroménagers-se déplacez comme le font les mobile-homes, l’intérieur de ce qui n’est plus qu’un habitacle se déplie selon les activités de la journée. [ …]
Avec un « cushicle » (sorte de capsule mobile) sur leur dos, les hommes et les femmes qui se rencontrent et se plaisent dans les rues de la mégapole, peuvent déplier et gonfler leur archi-toi(t), et, à même le trottoir, conjoindre leurs deux intimités en une seule. Capsules érotiques de l’urbanité de demain qui convertissent alors la conquête de l’espace en une quête de l’espèce.
Archigram développe à l’extrême des thèmes modernistes jusqu’à remettre en cause l’attachement de l’architecture au sol et à la permanence, parvenant ainsi à un au-delà de l’architecture devenue immatérielle, gonflable, transparente ou invisible telle la paroi d’une volière.
La transformation de notre environnement depuis les années soixante n’a pas suivi les directions proposées par Archigram ; mais il s’agit de la dernière tentative pour imaginer activement la « condition habitante » contemporaine.
D’après Alain Guiheux et Thierry Grillet, LeMagazine, n°81, 15 mai-15 juillet 1994
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