Cinéma / Vidéo
Double exposé
19 sept. 2015
L'événement est terminé
Subvertissant l’espace du musée et de la galerie, le film engage une reconfiguration de l’exposition dont les modalités, ainsi prises en charge par la reproductibilité du médium, permettent de repenser l’histoire de l’art à travers le prisme d’une logique de succession et d’association renouvelée. Filmé à l’occasion de la présentation d’une installation qu’il conçoit pour l’ARC 2 (1981) au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, The Diamon’d (1981) de l’artiste conceptuel français Jean-Pierre Bertrand dessine, par le biais d’un lent mouvement de zoom avant sur une photographie exposée, une trajectoire linéaire qui, au-delà d’un renversement total des rapports d’extériorités et d’intériorités qu’elle institue, produit un point de vue inédit de sa propre exposition. Partageant la même intentionnalité, l’artiste Canadien Michael Snow réalise son film Side Seat Paintings Slide Sound Film à l’occasion de son exposition monographique à la Art Gallery of Ontario de Toronto en 1970. Long d’une vingtaine de minutes, ce film 16mm est conçu par l’artiste comme un espace d’exposition à double fonctions. Reprenant un ensemble conséquent de son œuvre peinte produite de 1955 à 1965 sous la forme d’une série de diapositives projetées et commentées par lui-même, cette exposition dématérialisée échappe pour autant à la seule dimension autobiographique pour offrir aux regards de visiteurs, mués le temps de la projection en spectateurs contraints, l’expérience d’une œuvre que le film vient renouveler. Si Side Seat Paintings Slides Sound Film évoque explicitement le diaporama, format de présentation familier à l’histoire de l’art, le cinéaste américain Hollis Frampton en détourne les modalités dans son film Carrots and Peas (1969). Conçu comme « un ensemble de paradoxes à l’égard de la forme du diaporama », cet objet filmique vient synthétiser, tout en formulant un ensemble de conditions pour leurs expositions, les rapports étroits et conflictuels de Frampton à la peinture que son film inscrit à mi-chemin entre l’art minimale et pop. Centrale dans les quatre œuvres réunies pour ce programme, la reproductibilité de l’œuvre se retrouve dans Figure 3 (2008) de l’Américain Paul Sietsema une nouvelle fois prise en charge par le film dans la succession silencieuse d’objets ethnographiques recrées par l’artiste et redistribués, à travers leur projection, en fonction d’une chronologie bouleversée à son tours par les phénomènes de reproduction. Séance introduite par Jonathan Pouthier (Centre Pompidou)
Jean-Pierre Bertrand, Diamon’d, 1981, 16mm, coul, sil, 1’30
Michael Snow, Side Seat Paintings Slides Sound Film, 1970, 16mm, coul, son, 20’
Hollis Frampton, Carrots and Peas, 1969, 16mm, coul, son, 5’30
Paul Sietsema, Figure 3, 2008, 16mm, nb/coul, sil, 16’
Remerciements: Light Cone (Paris), Paul Sietsema, Matthew Marks Gallery (New York), Jean-Pierre Bertrand, Film-Makers’ Coop (New York)
Quand
14h - 15h15