Festival / Soirée
Voulez-vous un dessin ?
Performance dessinée - Jochen Gerner, Fabio Viscogliosi, Katia Viscogliosi
26 févr. 2017
L'événement est terminé
À l’occasion du lancement de la série animée « Voulez-vous un dessin ? » qui présente chaque semaine au public un courant majeur de l’histoire de l’art du 20e siècle, le Centre Pompidou propose une performance dessinée de Jochen Gerner. Le dessinateur place son geste sous la triple influence de la partition musicale live de Fabio Viscolgiosi, des éléments narratifs évoqués par les textes lus et de l’univers graphique mis en place dans la série animée. Les extraits de textes, interprétés par Katia Viscogliosi, sont tirés d’ouvrages de Fabio Viscogliosi, Apologie du slow, Mont Blanc et Je suis pour tout ce qui aide à traverser la nuit ; ils évoquent des artistes, des œuvres ou des situations qui font écho à l'art et sa fabrique. Une performance inédite qui met la pensée dessinée au centre du dispositif. Vous vouliez un dessin ?
Quand
18h - 19h
Où
Entretien avec Jochen Gerner
Victor Guégan - N’est-ce pas difficile d’expliquer les mouvements artistiques en quelques traits ?
Jochen Gerner - C’est parce que c’est difficile que ça m’intéresse ! À partir d’une même écriture graphique, il faut représenter une œuvre pop ou cubiste. Cette tâche demande un travail de mise à distance et de réinterprétation. Le parti pris de garder un dessin minimaliste en renonçant à l’imitation me permet de conserver cette petite écriture spontanée, de l’ordre de la prise de notes.
VG - Vous conjuguez travail d’auteur et de commande. Cela correspond-il à deux façons de travailler ?
JG - Je fais partie de l’Oubapo (l’Ouvroir de bande dessinée potentielle), qui est l’équivalent en bande dessinée de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle. Les membres de l’Oulipo écrivent des textes en respectant une ou plusieurs contraintes, ndlr.) Je ne vois pas la bande dessinée ou l’illustration comme quelque chose d’aliénant mais comme un terrain d’expérimentation. Le fait d’avoir des contraintes de format, de techniques, de nombre de couleurs à intégrer, force à générer de nouvelles idées. […] Quand je travaille pour la presse, je me demande toujours de quelle manière mes dessins vont se poser au milieu du texte. De la même façon, pour l’édition d’un livre, il faut comprendre comment les images se combinent au texte et comment tout cela s’organise. Ce travail est jubilatoire pour moi.
VG - En quoi votre écriture graphique est-elle si aisément reconnaissable ?
JG - Mon travail repose sur des opérations de recouvrement, de transparence et de cadrage. Je travaille régulièrement à partir de supports imprimés existants (une BD, un catalogue de meubles Ikea…) dont je recouvre une partie. Un nouveau dessin apparaît alors, qui fait remonter à la surface la structure de la maquette, la mise en page ou tout autre élément. Dans cette surface peinte, je fais surgir des pictogrammes synthétisant des idées. C’est une sorte de travail d’équilibriste.
VG - De quelle manière cette démarche se retrouve-t-elle dans la série « Voulez-vous un dessin ? » ?
JG - Je suis parti d’un dessin en noir et blanc, très simple, ponctué de taches de couleurs. Celles-ci peuvent donner des indications sur un tableau, un certain détail, attirer l’attention sur un effet particulier. Avec une approche chromatique basique, on peut déjà signifier des sentiments ou procurer des émotions. La série est une restitution très simple des courants artistiques avec des jeux sur les formes. Et les effets sonores de Fabio Viscogliosi viennent rythmer la voix de Louise Bourgoin.
PERSON - Jochen Gerner
Source :
in Code Couleur n°27, janvier-avril 2017, pp. 48-49