Débat / Rencontre
Design Marabout n°5
Guillian Graves
10 oct. 2018
L'événement est terminé
Avec Guillian Graves,Carole Collet et Romain Lacroix
Sur le principe du « marabout, bout de ficelle... » ce cycle souhaite explorer le champ prospectif du design dans un esprit d’ouverture et de curiosité. Un invité en amenant un autre, cette concaténation ou chaine « maraboutesque » mettra en lumière des démarches moins visibles du grand public, plus souterraines, voir minoritaires mais qui font la richesse et le terreau du design de demain. Après une première saison autour de l’éthique du design, c’est Guillian Graves, designer et enseignant chercheur à l’ENSCI-Les Ateliers, qui ouvre une nouvelle session sur les liens entre le design et le vivant.
Dans une quête contemporaine de nouveaux modèles et de nouvelles ressources pour construire des sociétés futures plus durables et désirables, les systèmes vivants se posent en parfaits candidats. Au cours d’une histoire vieille de 3.8 milliards d’années, le monde du vivant n’a jamais cessé d’expérimenter et de développer des stratégies et des mécanismes adaptés à un environnement en perpétuelle transformation, soumis à des contraintes multiples.
Au sein de ce répertoire, les éponges de mer — Euplectella aspergilium — fabriquent de fines structures sous-marines en verre, flexibles et résistantes, pour conduire la lumière dans leur habitat à la manière des fibres optiques ; les araignées — Nephila clavipes - produisent un fil cinq fois plus résistant que l’acier à diamètre égal, tout en étant léger, bio-compatible et très résistant aux contraintes d’élongation (jusqu’à 200% sans rompre) ; la coquille des ormeaux — Haliotis tuberculata - est beaucoup plus robuste que le blindage de n’importe quel char, que n’importe quelle céramique ou béton, grâce à sa structure feuilletée organisée en empilement de plaques d’aragonite microscopiques régulières, soudées entre elles par une substance flexible à base de protéines ; la peau des requins Mako — Isurus oxyrinchus - est naturellement anti-bactérienne grâce à sa structure composée de petites denticules cutanées.
Ces quelques exemples ont déjà inspiré de nombreuses applications et innovations, dont la création de surfaces anti-bactériennes inspirées de la structure de la peau de requin afin de lutter contre les maladies nosocomiales, qui infectent 450 000 personnes tous les ans en France. À ces performances, il faut ajouter que ces systèmes sont produits à partir de ressources libres et locales, d’énergie solaire, d’eau comme solvant, à température et à pression ambiante. Le vivant pourrait donc se révéler être un modèle de soutenabilité et d’inventivité que les industries et autres acteurs en quête d’innovations soutenables peuvent chercher à imiter, tout autant qu’une technologie mature qu’il est possible de domestiquer.
À condition de disposer des méthodes et des outils qui permettent d’évoluer dans la complexité des connaissances liées au vivant, il est aujourd’hui possible de travailler avec l’immense diversité de solutions mises au point par le vivant pour répondre aux grands enjeux identifiés dans l’ensemble des champs d’application, tels que l’énergie, les matériaux, la santé, l'alimentation, l’habitat, et même le spatial.
En dialogue avec le public et au moyen d’un jeu proposé aux différents intervenants (un jeu de cartes contenant différents modèles biologiques tirés au sort à partir desquels les experts proposeront des idées d’applications futures), l’idée de cette séance de Design Marabout sera d’imaginer, de manière collective, à quoi pourraient ressembler les sociétés bio-inspirées de demain.
Construit sous la forme d’un jeu, cette édition de Design Marabout donnera lieu à une séance de remue-méninges en direct autour des pratiques de Biodesign. Des cartes à jouer représentant des organismes vivants aux mécanismes et aux stratégies incroyables seront distribuées aux intervenants. S’en suivra une séance de créativité improvisée dont l’objectif est d’imaginer des objets, des services ou encore des matériaux aux propriétés inédites que nous pourrions utiliser demain.
Chaque participant disposera de deux cartes Jokers qu’il peut utiliser à tout moment : deux organismes qui l’inspirent particulièrement. Puis, une discussion viendra clore cette séance collective de créativité. Son objectif sera de questionner les pratiques, les outils de chacun et les limites de ce que l’on appelle le Biodesign.
Avec : Carole Collet, designer et enseignant à la Central Saint Martins de Londres ; Lia Giraud, bio artiste ; Guillian Graves, designer (Studio Big Bang Project) et enseignant-chercheur à ENSCI ; Laura Magro, biologiste et docteur en physico-chimie et spécialiste du bio mimétisme.
Modération : Romain Lacroix
Renseignements :
Romain Lacroix, romain.lacroix@centrepompidou.fr
Quand
19h - 20h30