Exposition / Musée
Filonov
15 févr. - 30 avril 1990
L'événement est terminé
Cette exposition est consacrée à l’artiste russe Pavel Nilaïevitch Filonov (1883-1941).
Le nom de Filonov a totalement disparu de l’histoire de l’art russe et soviétique – contrairement aux autres protagonistes de l’avant-garde des années 20 comme Malévitch, Tatline, Kandinsky. Seule sa légende, maintenue grâce à quelques disciples fidèles et courageux, a survécu. Le voici exposé pour la première fois hors d’URSS.
Filonov considérait que l’homme est semblable à un microcosme et que l’œuvre d’art, avec ses règles et ses canons, constitue un monde autonome et indivisible. […] A l’instar des scientifiques (Filonov se nomme lui-même « Artiste-Chercheur-Explorateur »), il faut élaborer une méthode afin de « découvrir tout un ensemble de phénomènes visibles et invisibles, leurs émanations, leurs interactions, leur genèse, leurs manifestations visibles et leurs propriétés cachées ». Il faut ensuite les intégrer à sa propre activité psychique et les incorporer dans un tableau biologiquement fini dont le moindre détail est tributaire des forces universelles du cosmos, tout en restant l’expression de la spiritualité humaine. Telle est la base théorique de la méthode élaborée par Filonov, la méthode analytique. […] Son application exige de la part de l’artiste un engagement total, une tension et une intensité extrêmes, un travail assidu et acharné. L’intuition, l’illumination, l’impulsion en sont bannies. « Il faut savoir clairement ce qu’on fait, à chaque instant de son travail. »
Le travail sur le tableau commence par une élaboration attentive et continue du détail au dessin et au crayon. La qualité de ce dessin doit être irréprochable ; il contient en lui tous les éléments de l’œuvre d’art. Le noir et le blanc sont déjà des couleurs ; dessiner, c’est déjà travailler les teintes. Au début du processus de création, la couleur est entièrement subordonnée à la forme et c’est elle, au moment de sa finition, qui imposera le choix de la couleur, car la peinture, considérée comme action et processus, n’est rien d’autre qu’un dessin colorié. […]
Ainsi s’explique l’importante production graphique de Filonov et aussi la grande proportion de dessins (plus de cent) par rapport aux tableaux (plus de cinquante) présentés dans l’exposition organisée par le Musée national d’art moderne-Centre Georges Pompidou, et le Musée russe de Léningrad qui détient près de 90% de l’œuvre de l’artiste. En effet, Filonov ne vendait pratiquement pas et n’acceptait d’exposer que rarement. La totalité de sa création devait, selon son souhait, constituer le fonds principal du futur Musée de l’art analytique, jamais créé.
D’après Stanislas Zadora, Le Magazine, n°55, 15 janvier-15 mars 1990
Quand
tous les jours sauf mardis