Images écran
06 oct. 2008
L'événement est terminé
Au cours du printemps et de l’été 1944, la propagande nazie connut une
inflexion majeure avec les tournages organisés dans le camp-ghetto de Terezin
(ex-Tchécoslovaquie) et dans le camp d’internement de Westerbork (Pays-Bas).
Ces réalisations – confiées à des internés (Kurt Gerron à Terezin, Rudolf
Breslauer à Westerbork) – répondent à un tout autre objectif que celui des
plans tournés entre 1940 et 1942 par les opérateurs nazis dans les ghettos de
Pologne. Il ne s’agit plus de désigner des sujets à la haine et de construire
des stéréotypes antisémites ; il ne s’agit plus non plus d’archiver pour le
futur les images d’une « race » condamnée à la destruction. Ce qui se joue
désormais dans l’image et dans la mise en scène relève de la dissimulation et
de la négation de l’événement –l’extermination des Juifs d’Europe – dont les
camps de Westerbork et de Terezin furent les antichambres.
En étudiant les séquences de promotion tournées à Westerbork sur le
fonctionnement du camp et des ateliers (dont le cinéaste Harun Farocki a tiré
la matière de son film Respite), en visionnant le film tourné à Terezin,
transformé en « ville-Potemkine » pour les besoins du tournage, nous
réfléchirons aux enjeux de la propagande et de la mise en scène nazies, à la
question des regards et du hors-champ, à la co-existence – au cœur de ces films
– de plusieurs régimes d’images. Il s’agira également de suivre les usages
ultérieurs de ces plans et la manière dont les réalisateurs qui les utilisèrent
tentèrent d’inquiéter la fausse tranquillité des images.
Quand
À partir de 19h30