Paul Sharits

Le cinéma de Paul Sharits, personnalité majeure du cinéma dit expérimental des années 1960-70, fut et reste encore difficile à appréhender, car il se présente à nous aussi loin que possible des principes qui règlent la production et la réception du cinéma commercial.

En 1967, à 24 ans, Sharits déclarait :

« Au risque de paraître immodeste [], j'ai le sentiment de travailler à une conception totalement neuve du cinéma. [Traditionnellement, les « films abstraits », du fait qu'ils sont des extensions de l'esthétique et des principes plastiques de la peinture ou qu'ils sont simplement des démonstrations optiques, ne sont pas plus cinématiques que les films narratifs-dramatiques qui compriment la littérature et le théâtre sur un écran bidimensionnel.] Je souhaite abandonner l'imitation et l'illusion et entrer directement dans le drame supérieur : des rubans bidimensionnels de celluloïd ; des photogrammes rectangulaires pris individuellement ; de la nature des perforations et de l'émulsion ; des opérations du projecteur ; du faisceau lumineux tridimensionnel ; de l'illumination ambiante ; de la surface bidimensionnelle de l'écran réfléchissant ; de l'écran rétinien ; du nerf optique et des subjectivités individuelles psychophysiques de la conscience. Dans ce drame cinématique, la lumière est énergie plutôt qu'outil de représentation d'objets non-filmiques ; la lumière, comme énergie, est émise pour créer ses objets, formes et textures propres. Étant donné le fait de la persistance rétinienne et le mécanisme clignotant de l'obturation dans la projection filmique, on peut générer des formes virtuelles, créer un mouvement réel (plutôt que de l'illustrer), bâtir un espace-couleur réel (plutôt que de le dépeindre) et être impliqué dans un temps réel (présence immédiate). »

Razor Blades

1965-1968 / 25' / 2 écrans

Analytical Studies II : Unframed Lines

1971-1976 / 30'

Epileptic Seizure Comparison

1976 / 30'