Visite guidée / Atelier
Matisse
Le peintre dans son atelier, 1916
18 mars 2012
L'événement est terminé
Matisse a souvent cité ses propres oeuvres dans des tableaux, mettant ainsi en perspective critique l'effet de son esthétique décorative et proposant au spectateur d'y réfléchir avec lui. Avec Le Peintre dans son atelier, Matisse s'est représenté au travail devant son modèle, une jeune Italienne grâce à laquelle il a approfondi et formulé la situation de crise dans laquelle il se trouvait à l'époque.
Par Rémi Labrusse, professeur d'histoire de l'art à l'Université de Paris ouest, Nanterre-La Défense. En écho à l'exposition « Matisse, paires et séries »
HENRI MATISSE, LE PEINTRE DANS SON ATELIER, fin 1916
Par Rémi Labrusse, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Paris
ouest, Nanterre-La Défense.
Entre la mi-novembre 1916 et l’été 1917, Matisse a peint passionnément une
modèle professionnelle italienne qu’il nomme Laurette.
On ne sait rien d’elle, à part ces portraits au cours desquels l’artiste a
opéré un revirement stylistique décisif. Autour de 1914-1915, son esthétique «
décorative » – visant à modifier la nature même du regard posé par le
spectateur occidental sur l’oeuvre d’art – a atteint, au contact du cubisme de
Braque et de Picasso, un point extrême d’éloignement par rapport au réel.
À partir de 1918, au contact, cette fois, de Renoir mais aussi de la peinture
de Courbet et de Monet, le retour à la littéralité du sujet – paysages ou
scènes d’intérieur composés comme au théâtre – fait de Matisse le peintre de
plus en plus choyé (quoique assez vite lassé de lui-même) d’une élégance et
d’un certain classicisme prétendument à la française. À la frontière tendue
entre ces deux versants se place Laurette.
Dans Le Peintre dans son atelier, en se représentant lui-même en train de
peindre Laurette, Matisse projette cette crise sur un plan spéculatif et ouvre
une interrogation abyssale sur le rapport entre le peintre et sa modèle, entre
fantasme érotique et peinture, entre incarnation et désincarnation.
En écho à l’exposition « Matisse, paires et séries » présentée du 7 mars au 18
juin 2012.
Quand
À partir de 11h30