Cinéma / Vidéo
Paris-Delhi-Bombay.../ De l'éternité
22 juin 2011
L'événement est terminé
Son oeuvre la plus récente, Song for an Ancient Land est un travail en cours dont deux parties sont déjà achevées. La première partie, tournée dans la banlieue de Bombay est une méditation sur le dharma
Formé à l'université d'Iowa aux Etats-Unis, Kabir Mohanty (né en 1960) a d'abord tourné en argentique avant de se consacrer presque exclusivement au support numérique. Son œuvre la plus récente, Song for an Ancient Land est un travail en cours dont deux parties sont déjà achevées. La première partie, tournée dans la banlieue de Bombay est une méditation sur le dharma, un terme qui, dans les religions indiennes recouvre les idées d'ordre universel, de lois éternelles, de vertu.
Song for an Ancient Land, 1re partie, de Kabir Mohanty, 2003-2006, 51', vo anglaise
Kabir Mohanty, né en 1960, à Peshawar (Pakistan), vit et travaille à Bombay.
Filmographie :
1985 Eldon Moss / 16mm
1990 Riyaaz / 35 mm
1993 When Hungry Eat, When Tired Go to Sleep / script de film de fiction
1996 Home / vidéo
2001 And Now I Feel I Don't Know Anything / 35mm
2006 Dwelling / installation vidéo et son / Song for an Ancient Land Part I (de 4 parties) / vidéo
2008 Handheld / installation vidéo
2009 In Memory / installation sonore / Song for an Ancient Land Part II (de 4 parties) / vidéo
Song for an Ancient Land de Kabir Mohanty
Kabir Mohanty décrit l'Inde à travers son histoire, la vie de ses habitants et son territoire ; sa sensibilité particulière au temps et à l'espace se manifeste dans ses subtiles associations de sons et de prises de vues. Comme le fait remarquer Amrit Gangar, théoricien du cinéma et commissaire indépendant, « Peut-être derrière les images en mouvement de Kabir Mohanty, pourrions-nous entendre des histoires murmurées sur le pas de la porte. Peut-être l'art de Kabir Mohanty, comme la poésie, est-il, selon moi, capable de retenir un élément de mystère. Et on ne peut pas rendre un tel sens du mystère sans toucher à la plasticité d'une image en mouvement. »
Dans Song for an Ancient Land (composé de quatre parties), on trouve les caractéristiques principales de l'œuvre de Mohanty : une forme contemplative et des aperçus sur l'histoire et la civilisation indiennes. Le film montre des scènes de rue, des paysages et décrit la vie quotidienne dans la banlieue de Mumbai. Le regard de Mohanty reflète sa conception de la durée comme « segment de temps ». Loin de ce que nous entendons par « plan » dans un sens technique conventionnel, « un segment de temps » permet la « dysfonctionnalité ». Comme il le dit lui-même : « Des événements s'accumulent pendant ce temps-là, des événements se déroulent. On ne laisse rien de côté, on ne monte pas, on n'assemble pas les choses plus tard, on ressent un grand sentiment de légèreté. Et en même temps, cela ne semble pas mince parce qu'une quantité phénoménale d'énergie a déjà pénétré ce temps. »
Dans ce sens, selon Gangar : « Kabir Mohanty n'est pas loin d'être un 'écologue' pour emprunter ce terme que le théoricien de la musique et du cinéma Madan Gopal Singh a utilisé à propos du cinéaste Mani Kaul. En quête d'une vie pour le cinéma au-delà de l'image, Singh avance la question de l''être', il l'oppose à celle de 'sujet' et, ce faisant, il pense à un nouveau signe 'écologique'. » Singh suggère que les écologues du cinéma « choisissent de parler depuis les marges fragiles du cinéma pour anticiper ses nouvelles possibilités » ; qu'ils créent un espace « à travers la résonance onirique de souvenirs fragmentés et de mots et de choses projetés dans un temps immobile contre la violence de la causalité dans l'histoire ! » (Cinemaya, hiver 1995-96). De telles « résonances oniriques de souvenirs fragmentés » et de « temps immobile » prennent vie dans Song for an Ancient Land, quand l'œil de la caméra s'attarde sur le rivage ou que son objectif capture des lumières flottant dans la nuit. De cette façon, l'ensemble des films évoque « le bhv (l'être) qui est morne et festif, obscur et lumineux, minimal et non exubérant », selon Gangar.
En même temps que le regard attentif de l'artiste et le récit lyrique d'histoires de ce pays (en voix off), Song for an Ancient Land fait appel au « sentiment des temps anciens qui se mêlent au nôtre encore maintenant » tout en présentant au spectateur « un dédale de relations - dans leurs rythmes et errances internes, dans le temps et l'espace que nous offre l'histoire - anciennes et modernes. » Sylvie Lin
Références :
Amrit Gangar, 'Tis light makes color visible: at night. reflections on kabir mohanty's videos and installations' (publié pour la première fois dans the kernel is a fact, Bangalore, GallerySKE, 2010, le titre de l'article d'Amrit Gangar est tiré du poème de Jalal ud-Din Rumi, Reality and Appearance, Tr. R.A. Nicholson, Persian Poems, an Anthology of verse translations, édité par A.J. Arberry, New York, Everyman's Library, 1972.
Quand
À partir de 20h30