Cinéma / Vidéo
Warrendale
07 nov. 2008
L'événement est terminé
Avant de classer hâtivement Warrendale parmi les «films d'asile», ce qu'il n'est pas, il convient de rappeler que ce documentaire d'Allan King (né en 1930) est l'un des spécimens les plus purs et les plus émouvants du cinéma direct, qui ne doit sa renommée trop modeste qu'à une censure de la Canadian Broadcasting Corporation (elle le commande en 1966 pour le bannir jusqu'en 1997 au motif du chapelet de «Bullshit !» et de «Fuck off !» égrené par l'adorable Tony, 6 ans).
Warrendale est le nom d'un centre spécialisé de la banlieue de Toronto qui accueille des enfants «émotionnellement dérangés» - pas «mentalement», cela a son importance : le cinéaste ne s'intéresse pas à un hôpital comparé par ses patients à une prison comme Mario Ruspoli dans Regard sur la folie, ni à une prison psychiatrique comme Frederick Wiseman dans Titicut Follies. En un mois de repérages dans la «Maison 2» de Warrendale, sans puis avec son opérateur et son preneur de son, Allan King a familiarisé les enfants avec son équipement et s'est lui-même familiarisé avec l'étrange thérapie dont ils bénéficient : dans un environnement quasi-familial, Tony, Carol, Irene et neuf autres sont encouragés à exprimer aussi violemment que possible leurs sentiments informulables lors de «crises». Des infirmiers-conseillers aimants et couverts de bleus se contentent de les tenir fermement dans leurs bras pour qu'ils ne se blessent pas.
Que cette thérapie ait ou non fait ses preuves, les holding sessions, ces embrassades musclées et attentives qui la constituent, évoquent inévitablement les techniques du cinéma direct - la sensation de la présence de l'opérateur via les plans rapprochés, la durée de la prise et le léger tremblé du cadre.
Les corps à corps qui surgissent à tout bout de champ sont donc pain bénit pour la caméra de William Brayne (l'opérateur de Fred Wiseman jusqu'en 1976), attentif aux brusques montées émotives et physiques dont la durée s'ajuste parfois sur celle d'une bobine, mais aussi à la beauté des visages adolescents et à la rare mise à nu de la psyché humaine que lui offre cette thérapie «directe».
Quand
À partir de 20h