Exposition / Musée
A propos de l'Internationale situationniste 1957-1972
Accrochage des collections d’art contemporain
22 févr. - 9 avril 1989
L'événement est terminé
Une seconde partie de l’accrochage des collections contemporaines est consacrée au mouvement Situationniste. Elle tente d’en retracer l’évolution, alors même que ce mouvement a toujours refusé les sollicitations de la mode, préférant agir dans le réel, en plein accord avec sa propre théorie. Malgré son autodissolution en 1972, les principaux concepts qu’il a forgés, continuent à connaître un écho dans les plus récents mouvements artistiques.
Fondée le 28 juillet 1957 en Italie par des artistes d’avant-garde venus de COBRA, du mouvement lettriste, du Mouvement International pour un Bauhaus Imaginiste et du Comité Psycho-géographique de Londres, L’Internationale Situationniste élabore, autour de personnalités aussi différentes que Giuseppe Pinot-Gallizio (Italie), Constant (Pays-Bas), Asger Jorn (Danemark), Guy Ernest Debord (France), une théorie de « l’effondrement du monde ». Ce monde où les capacités poétiques individuelles sont tuées, l’Internationale Situationniste voulait en terminer avec lui. En mettant la révolution au service de la poésie, l’Internationale Situationniste entend non seulement supprimer l’art pour lui-même, mais aussi mettre fin à cet envahissement des images, des signes et des objets que le système social produit. En proposant que les pratiques artistiques se réalisent directement dans la vie quotidienne, l’Internationale Situationniste souhaite dessiner un mouvement d’émancipation totale de la vie quotidienne de façon à rendre passionnante toute activité de travail, jusqu’à la fondre avec les activités de loisirs en un cours unique, et donc à supprimer leur séparation entretenue par le système.
C’est la raison pour laquelle les Situationnistes, surtout à partir de 1962, dépassent la critique de l’œuvre d’art comme objet de décoration pour attaquer le principe fondateur des sociétés capitalistes, l’accumulation de marchandises, et dénoncer le spectacle de cette accumulation. Le spectacle pour l’Internationale Situationniste, est la représentation idéalisée des relations. Ce qu’il montre, c’est la Société telle qu’il faut qu’on nous la présente et la vie telle que les individus sont conditionnés à la vivre. Le spectacle est ainsi le moment généralisé de l’économie marchande, tout autant que le mode dominant de mise en rapport des hommes entre eux. Dès 1958, l’Internationale Situationniste a, en outre, une intense activité de production de textes dont le fond comme la forme sont l’objet de grande attention. La quasi-totalité de ces documents (tracts, affiches, revues) est réunie publiquement pour la première fois dans l’exposition.
L’exposition est articulée autour des œuvres suivantes :
- les peintures « détournées » ou modifiées d’Asger Jorn, réalisées sur des toiles achetées notamment au marché aux puces ;
- les maquettes et les dessins réalisés par Constant. L’artiste essaye de traduire la réflexion de l’Internationale Situationniste sur l’urbanisme unitaire, visant à ce que l’individu vive réellement ses passions et émotions, en se laissant guider par ses aspirations ;
- les peintures industrielles et autres approches sensibles comme la « caverne de l’antimatière » de Giuseppe Pinot-Gallizio, tentatives de création d’une expérience sensible totale, libérées de toute contrainte formelle et culturelle produites en dehors de tout marché de l’art.
Autour de ces œuvres, s’ajoutent des travaux d’artistes qui ont été membres ou très proches de l’Internationale Situationniste, mais dont les productions furent moins directement inscrites dans le mouvement :
- le groupe SPUR (R.F.A.) ;
- Maurice Wyckaert (Belgique) ;
- Ralph Rumney (Grande Bretagne) ;
- Jacqueline de Jong (Pays-Bas) ;
- J.V. Martin, J.J.Thorsen, Jorgen Nash, Hardy Strid (Danemark).
Enfin, quelques œuvres plus récentes témoignent des influences de ce mouvement sur certaines avant-gardes récentes ou des préoccupations que la culture punk et provo des années soixante-dix exprime dans des bandes dessinées ou affiches. Des maquettes d’architecture ponctuent l’exposition de certaines utopies.
Durant ses quinze années d’existence, l’Internationale Situationniste produit écrits théoriques, tracts, livres, films qui expriment une critique acerbe de l’art et la société. Un certain nombre de concepts devaient trouver dans les révoltes de la fin des années soixante une concrétisation des impasses dans lesquelles, selon elle, s’engageaient les sociétés contemporaines et qu’elle n’avait eu cesse de dénoncer.
La présentation d’un matériel aussi diversifié nécessite une architecture particulière qui tente d’établir entre le musée et la ville une liaison immédiatement perceptible. Nigel Coates et Christophe Egret ont réalisé la scénographie de l’exposition.
Conçue à l’origine par Mark Francis et Peter Wollen, cette exposition, co-produite par l’Institut of Contemporary Art de Boston (USA), ira, après Paris, à l’I.C.A. de Londres (été 1989) et Elisabeth Sussman en sera la commissaire.
D'après le communiqué de presse
Quand
tous les jours sauf mardis