108 Portraits de l’Oiseau-Qui-N’Existe-pas

Cette exposition est consacrée à l’ensemble des œuvres réalisées dans le courant des années 50 par une centaine d’artistes pour illustrer le poème de l’écrivain et dessinateur Claude Aveline, intitulé Le Portrait de L’Oiseau-Qui-N’Existe-Pas. (Texte du poème ci-dessous)

Après avoir réuni toutes ces peintures sur papier, aquarelles ou dessins, Claude Aveline en fit don au Musée national d’art moderne. La collection fut exposée au cours de l’automne de 1963, dans l’ancien local du Musée National d’Art Moderne au Palais de Tokyo, puis en Europe et Etats-Unis.

Elle est aujourd’hui conservée dans notre Cabinet d’art graphique, et va être de nouveau présentée pour quelques semaines.

Elle est complétée par des documents sur Claude Aveline, divers « oiseaux » inconnus et toute une série de dessins d’enfants, inspirés par le poème et réalisés par les visiteurs de l’Atelier des Enfants du Centre Georges Pompidou.

Voici le portrait de l’Oiseau-Qui-N’Existe-Pas.

Ce n’est pas sa faute si le bon Dieu qui a tout fait a oublié de le faire.

Il ressemble à beaucoup d’oiseaux parce que les bêtes qui n’existent pas ressemblent à celles qui existent.

Mais celles qui n’existent pas n’ont pas de nom.

Et voilà pourquoi cet oiseau s’appelle l’Oiseau-Qui-N’Existe-Pas,

et pourquoi il est si triste.

Il dort peut-être, ou il attend qu’on lui permette d’exister.

Il voudrait savoir s’il peut ouvrir le bec, s’il a des ailes, s’il est capable de plonger dans l’eau sans perdre ses couleurs, comme un vrai oiseau.

Il voudrait s’entendre chanter.

Il voudrait avoir peur de mourir un jour.

Il voudrait faire des petits oiseaux très laids, très vivants.

Le rêve d’un oiseau-qui-n’existe-pas, c’est de ne plus être un rêve.

Personne n’est jamais content.

Et comment voulez-vous que le monde puisse aller bien dans ces conditions ?

Claude Aveline

D'après Pierre Georgel, in Le Bulletin, n°7, avril-mai 1978