Débat / Rencontre
Max Beckmann, un peintre dans l'histoire ?
28 sept. 2002
L'événement est terminé
S'il faut se saisir d'un fil d'Ariane pour s'orienter dans l'oeuvre immense de Max Beckmann, on élira l'histoire ou plus précisément le rapport à l'histoire.
S'il faut se saisir d'un fil d'Ariane pour s'orienter dans l'œuvre immense de Max Beckmann, on élira l'histoire ou plus précisément le rapport à l'histoire.
L'évidence d'un tel choix surgit d'abord des lieux et des dates. Né à Leipzig en 1884, mort à New York en 1950, Beckmann voit sa vie traversée par les tragédies qui ont bouleversé l'Europe. Beckmann aurait-il donc été en proie à l'histoire ? Plutôt aux prises avec l'histoire, car il choisit de se colleter avec elle. En s'engageant comme volontaire dans les services sanitaires de l'armée allemande en 1914 ; en décidant de s'exiler à Amsterdam, en 1936, et aussi, d'une certaine façon, en quittant l'Europe pour les Etats-unis, dès qu'il le peut, en 1947.
Pour Beckmann, l'artiste doit être à la hauteur de l'événement ; il doit surtout ne pas se tenir à l'écart d'expériences dans lesquelles les sentiments et les passions sont portés à leur paroxysme. Pour combattre l'engluement dans le monde de tous les jours, pour conjurer la dissolution du " moi transcendantal " dans un " moi ordinaire ", ramené aux routines sans objet qui tissent une vie quotidienne, non pas privée mais dénuée de sens.
Pour autant, il répugne à se jeter dans la mêlée. " L'art véritable, dit-il, ne saurait exercer son action dans le bruit et l'agitation, au sens journalistique " et, convaincu que le caractère tragique de la condition humaine découle de ce monde d'artifice auquel l'humanité est rivée, il ajoute : " ce dont il s'agit, c'est de sortir de l'engrenage des ombres ". Singulière façon, dira-t-on, d'affronter l'histoire que de voir dans le monde réel un théâtre d'ombres, d'adopter la pose du héros solitaire, de l'artiste démiurge qui revendique sa filiation romantique dans une proclamation délibérément et ironiquement anachronique.
Et si justement c'était ce décalage qui sauvait Max Beckmann ? Si c'était son " somnambulisme lucide " qui lui permettait au fil de ses autoportraits, de ses figures éternelles du couple, de ses cirques métaphysiques, de ses mythologies universelles, d'aller au plus profond ; de déjouer victorieusement les pièges toujours tendus aux peintres par l'histoire : la propagande, l'anecdote ou la tautologie.
PROGRAMME
Ouverture par Alfred Pacquement, directeur du Musée national d'art moderne
Didier Ottinger : Beckmann, face, dans, et à côté de l'Histoire
Werner Hofmann : Max Beckmann, le cloisonné tragique
Philippe Dagen : La condition sociale de l'artiste au temps du capitalisme triomphant
Pierre Wat : Beckmann, artiste romantique ?
Michael Löwy : Existe-t-il un romantisme au XXe siècle ?
Robert Storr : Beckmann's Allegorical spaces
Reinhard Spieler : Face to violence : Beckmann's éducation sentimentale during the nazi regime
Lectures par Valérie Lang d'extraits des Ecrits de Max Beckmann (sous la direction Pierre Wat. Préface de Philippe Dagen. Editions de l'Ecole Nationale des Beaux-Arts, 2002).
Modération : Roger Rotmann (Centre Pompidou), Dieter Strauss (Goethe Institut).
Quand
14h - 20h